Bonus pension : à qui profite réellement la prime de 22 000 euros ?

Le bonus pension suscite la controverse après avoir profité majoritairement à des départs anticipés. Le gouvernement revoit sa copie dès janvier.

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Bonus pension : à qui profite réellement la prime de 22 000 euros ? Crédit : Canva | Econostrum.info - Belgique

Officiellement, le bonus pension devait récompenser les Belges décidant de prolonger leur carrière. En réalité, il a surtout profité à ceux qui ont quitté leur emploi avant même d’avoir atteint l’âge légal. Une distorsion dénoncée de toutes parts, y compris au sein de la majorité, tant le dispositif semble avoir produit l’inverse de ce qu’il annonçait.

Entré en vigueur en 2023, le bonus pension promettait jusqu’à 22 650 euros aux travailleurs acceptant de rester en activité au moins trois années de plus après avoir atteint l’âge légal de la retraite. Mais dans sa mise en œuvre, aucun garde-fou n’a été posé pour empêcher les abus. Résultat : la majorité des bénéficiaires ont cumulé le bonus tout en quittant le marché du travail de façon anticipée.

Les chiffres sont sans appel. Sur les 15 388 personnes ayant perçu ce bonus entre janvier et septembre 2025, à peine 1 680 ont réellement prolongé leur carrière au-delà de l’âge légal. Autrement dit, près de 90 % des bénéficiaires ont touché cette prime tout en prenant une retraite anticipée. Ce décalage entre l’objectif affiché et l’usage réel de la mesure a immédiatement déclenché une vague de critiques.

Un contresens économique largement dénoncé

Le député flamand Axel Ronse (N-VA) parle d’un système absurde qui subventionne le départ précoce au lieu de l’allonger, rapporte 7sur7. Il dénonce un gaspillage budgétaire sans logique ni pilotage. Le bonus, au lieu de renforcer le financement du système des retraites en encourageant les carrières longues, a au contraire pesé sur les comptes publics. En 2025, le coût global de ce dispositif devrait s’élever à environ 267 millions d’euros, pour des résultats contraires à son intention initiale.

Le malaise dépasse les clivages politiques. Certains élus de la majorité reconnaissent en privé que la communication autour du dispositif a été brouillonne et que les règles d’éligibilité ont été trop laxistes. La critique est également relayée dans les rangs syndicaux, où l’on parle d’un signal incompréhensible adressé aux travailleurs.

Le nouveau système du bonus pension placé sous haute surveillance

Face au tollé, le gouvernement a revu sa copie. À partir de janvier, le bonus pension ne pourra être acquis qu’à partir de l’âge légal, fixé à 66 ans. Parallèlement, un malus s’appliquera à ceux qui partent avant, avec une réduction de pension pouvant aller jusqu’à 5 % par an. Le message est clair : continuer à travailler sera la seule voie vers un bonus. Quitter trop tôt, en revanche, sera pénalisé.

Mais cette nouvelle formule fait déjà grincer des dents. Plusieurs voix pointent une injustice pour les carrières courtes, les femmes ou les travailleurs précaires, qui auront plus de mal à atteindre les seuils exigés. Là où l’ancien système récompensait les mauvais signaux, le nouveau pourrait punir ceux qui n’ont pas eu le choix.

Entre effet boomerang et aveu d’échec 

Ce que le gouvernement présentait comme une réforme sociale incitative s’est transformé en cas d’école de mauvaise ingénierie politique. En cherchant à encourager le travail au-delà de l’âge légal, l’État a offert une prime généreuse… à ceux qui sont partis plus tôt. Le passage à un mécanisme plus strict corrige la trajectoire, mais laisse derrière lui un constat sévère : mal pensé, un incitant peut vite se retourner contre ses objectifs. Et avec lui, contre la crédibilité de ceux qui l’ont défendu.

 

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