La Belgique est-elle vraiment le pays le plus taxé au monde  ?

Bien que la Belgique figure parmi les pays avec les plus hauts taux de fiscalité, elle ne se trouve pas systématiquement en tête des classements mondiaux.

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Taxes en Belgique
La Belgique est-elle vraiment le pays le plus taxé au monde ? : Crédit : Canva | Econostrum.info - Belgique

Régulièrement, Georges-Louis Bouchez, président du MR, affirme que la Belgique est « le pays le plus taxé du monde ». Cette déclaration est particulièrement frappante en période de réformes fiscales et de discussions autour de l’imposition des plus-values financières. 

Lors de l’accord sur cette question, en juin 2025, Bouchez a répété son argument sur les réseaux sociaux, qualifiant la situation d’« ahurissante ». Mais cette affirmation est-elle justifiée ? Pour répondre à cette question, il est essentiel de s’appuyer sur des chiffres et des données objectives, notamment celles fournies par des institutions telles que l’OCDE et Eurostat.

Le coin fiscal : un indicateur à nuancer

L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) utilise un indicateur pour mesurer la pression fiscale sur les salariés, appelé le coin fiscal. Celui-ci calcule la différence entre ce qu’un salarié coûte à son employeur et ce qu’il reçoit net après impôts et cotisations sociales. Selon le dernier rapport de l’OCDE, la Belgique affiche un coin fiscal de 52,7 % pour un salarié célibataire sans enfants. Ce chiffre est effectivement élevé, bien au-dessus de la moyenne de l’OCDE, qui se situe à 35,9 %. Cette statistique semble indiquer que la Belgique est effectivement un pays où la pression fiscale est particulièrement lourde.

Cependant, il est important de souligner que cet indicateur varie en fonction des profils. Par exemple, pour un couple avec deux enfants et deux salaires, le coin fiscal belge chute à 44,8 %. Bien que cette valeur demeure relativement élevée, elle est moins impressionnante et se rapproche des taux de pays comme l’Allemagne et la France. Ce constat montre qu’un simple chiffre global ne permet pas de capturer la diversité des situations fiscales des citoyens, et que la Belgique ne peut pas être catégoriquement qualifiée de « championne » de la fiscalité mondiale sans prendre en compte ces nuances.

Une comparaison plus large avec Eurostat

Eurostat, l’office statistique de l’Union européenne, propose une autre méthode d’analyse de la fiscalité, en se basant sur les recettes publiques totales rapportées au Produit Intérieur Brut (PIB) des pays. Cet indicateur inclut tous les types de prélèvements, des impôts sur le revenu et les sociétés aux cotisations sociales en passant par la TVA et d’autres revenus de l’État. En 2025, la Belgique se situe à 47,2 % du PIB pour ses recettes fiscales totales, selon Moustique. Bien que ce chiffre soit élevé, il ne place pas le pays au sommet du classement mondial.

En effet, des nations comme la Norvège, le Danemark et la France enregistrent des taux encore plus élevés. Cela signifie que, même si la Belgique reste parmi les pays les plus taxés, elle n’est pas la première en la matière. Ces données suggèrent que l’affirmation de Georges-Louis Bouchez, selon laquelle la Belgique serait le pays le plus taxé du monde, est loin d’être un constat indiscutable. L’OCDE et Eurostat révèlent une réalité plus nuancée, où la Belgique occupe une position élevée mais non dominante, en particulier si l’on considère l’ensemble des prélèvements et des profils fiscaux.

L’impact de la fiscalité sur la qualité de vie

L’un des arguments souvent avancés par les détracteurs de la fiscalité élevée est que la taxation pèse sur le niveau de vie des citoyens, en particulier des classes moyennes. Pourtant, plusieurs études montrent que les pays avec des taux de taxation élevés ne souffrent pas nécessairement d’une qualité de vie inférieure. Au contraire, certains de ces pays figurent parmi les plus heureux du monde.

Le World Happiness Report, un classement international de la qualité de vie, place régulièrement des nations comme la Norvège, la Finlande et le Danemark en tête, des pays où la fiscalité est particulièrement lourde. Ces exemples montrent que, loin de nuire au bien-être, une taxation élevée peut permettre de financer des services publics de qualité, une protection sociale robuste et des infrastructures de pointe. La clé réside non pas dans le montant des impôts, mais dans leur utilisation par l’État.

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