Les finances des hôpitaux belges sont aujourd’hui dans une situation préoccupante. Avec 63 % d’entre eux enregistrant des pertes, la situation est particulièrement critique à Bruxelles, où trois établissements sur quatre se retrouvent en difficulté. En 2022, les hôpitaux belges ont accumulé un déficit de 174 millions d’euros, un déséquilibre qui pèse désormais lourdement sur la qualité des soins et les conditions de travail.
Alors que les coûts explosent, les hôpitaux peinent à maintenir leur niveau de service. Entre les hausses des prix de l’énergie et des fournitures médicales, ainsi que le manque de personnel, le secteur appelle aujourd’hui à une refonte du système hospitalier pour éviter une dégradation irrémédiable de la prise en charge des patients.
Des pertes financières critiques qui fragilisent le système de santé
En Belgique, les hôpitaux traversent une crise financière alarmante. Alors que les coûts de fonctionnement continuent de grimper, les recettes peinent à suivre, créant un fossé difficilement surmontable. En 2022, les établissements de santé belges ont enregistré des pertes cumulées de 174 millions d’euros. Cette situation touche particulièrement la région de Bruxelles, où les trois quarts des hôpitaux sont en grande difficulté.
Stéphane Moniotte, chef du département pédiatrie aux Cliniques universitaires Saint-Luc, décrit un quotidien fait de compromis et de bricolage, faute de ressources suffisantes pour moderniser les installations les médicaments sont rangés dans des tiroirs avec des bacs en plastique, des petites armoires, manipulés à la main, sans électronique. L’absence de fonds ne permet pas aux établissements d’investir dans des solutions plus modernes ou sécurisées.
Explosion des coûts de l’énergie et des fournitures médicales
L’une des principales causes de cette crise est l’augmentation vertigineuse des coûts d’exploitation. Les frais d’énergie, par exemple, ont bondi de 59 % en seulement cinq ans, exerçant une pression croissante sur les finances des hôpitaux. Philippe Devos, directeur général de l’UNESSA, souligne que cette envolée des coûts touche également le matériel médical et les médicaments, dont les prix ont largement dépassé le taux d’inflation. Il explique que pour des compresses, ils sont maintenant à 15 % au-dessus de l’inflation, précisant que toutes les fournitures ont augmenté sans que les revenus des hôpitaux aient suivi la même courbe.
La pression financière oblige les établissements à adopter des stratégies de réduction des coûts. En effet, les équipes médicales sont invitées à éteindre les lumières et les écrans en fin de journée, à limiter la consommation d’énergie, et à économiser là où c’est possible. Toutefois, ces mesures ne suffisent pas à compenser les coûts croissants, laissant les hôpitaux dans une situation de plus en plus instable.
Manque de personnel et fermetures, signes d’un secteur sous tension
En plus des défis financiers, les hôpitaux belges font face à une pénurie de personnel de plus en plus préoccupante. La situation est particulièrement grave à Bruxelles, où trois quarts des hôpitaux sont en difficulté. Ce manque de ressources humaines contraint certaines structures à réduire leurs activités, une situation qui impacte directement l’accès aux soins pour les patients.
La combinaison de ces problèmes , de la hausse des coûts, manque de personnel aux équipements vieillissants, pousse aujourd’hui les dirigeants du secteur hospitalier à appeler à une réforme en profondeur du système de financement. Faute de solutions concrètes, la qualité et la sécurité des soins pourraient encore se détériorer, fragilisant davantage le système de santé.