La Belgique conserve une part significative de son patrimoine sous forme de lingots d’or. Cette réserve stratégique, accumulée au fil des décennies, représente un levier financier potentiel. Pourtant, alors que la valeur de l’or atteint des niveaux record, aucun projet de mobilisation de ces fonds n’a été annoncé.
L’histoire a démontré que l’or pouvait être un atout en période de crise. Plusieurs pays ont fait évoluer leur politique de conservation, certains rapatriant une partie de leurs réserves, d’autres cédant une fraction de leur stock pour répondre à des besoins budgétaires. La Belgique, confrontée à un déficit croissant, pourrait-elle suivre cette voie ?
Une réserve précieuse mais stockée hors du territoire
La Belgique détient une réserve d’or évaluée à 20,5 milliards d’euros, un patrimoine en grande partie conservé à l’étranger. Selon les informations relayées par 7sur7, la quasi-totalité des 227 tonnes de lingots est entreposée dans les coffres de la Banque d’Angleterre, de la Banque du Canada et de la Banque des règlements internationaux en Suisse. Seule une infime portion est conservée à Bruxelles.
Cette dispersion répond à une stratégie sécuritaire. L’histoire, notamment les événements de la Seconde Guerre mondiale, a montré les risques liés au stockage d’or sur un territoire national en période de conflit. La Banque nationale de Belgique assure effectuer des contrôles réguliers afin de vérifier la présence effective des lingots.
D’autres pays ont récemment revu leur stratégie. L’Allemagne et les Pays-Bas ont entrepris le rapatriement d’une partie de leurs réserves, tandis que la Belgique maintient sa position. Aucun transfert n’est prévu, et la construction d’un nouveau complexe sécurisé à Zellik, près de Bruxelles, vise avant tout à renforcer la protection des actifs existants.
Une ressource sous-exploitée face aux besoins budgétaires
La Belgique est confrontée à un déficit budgétaire important. Le gouvernement De Wever prévoit de dégager 23 milliards d’euros d’ici 2029 afin de respecter les engagements européens. Récemment, l’annonce d’un réarmement nécessitant 4 milliards d’euros supplémentaires a encore compliqué l’équation budgétaire.
Dans ce contexte, l’or pourrait apparaître comme une solution. Toutefois, comme le rappelle la Banque nationale de Belgique, citée par le média, toute décision de vente relève du gouvernement. L’institution se limite à la conservation et à la gestion des réserves sans pouvoir y toucher.
La Belgique a déjà cédé une partie de son stock dans le passé. Au début des années 1990, sous le gouvernement Dehaene, 1 000 tonnes ont été vendues afin de répondre aux critères du Traité de Maastricht pour l’adhésion à la zone euro. En 2005, sous le gouvernement Verhofstadt II, 30 tonnes supplémentaires ont été utilisées pour combler des déficits. Malgré ces précédents, aucune décision de vente n’a été évoquée à ce jour.
Une gestion prudente en comparaison avec d’autres pays
Avec ses 227 tonnes d’or, la Belgique se classe au 23e rang mondial des détenteurs de réserves aurifères, loin derrière les États-Unis (8 133 tonnes) ou l’Allemagne (3 352 tonnes). La gestion de ces stocks varie selon les pays, avec des choix parfois contestés.
Le Royaume-Uni a vendu environ 400 tonnes d’or entre 1999 et 2002 à un prix historiquement bas, une décision qui a privé le pays de gains considérables lorsque les cours ont grimpé. À l’inverse, la France a longtemps conservé une approche plus rigide, maintenant un stock de 2 437 tonnes.
Le Luxembourg, de son côté, adopte une politique différente. Détenant seulement 2,24 tonnes d’or, le pays a privilégié la diversification de ses réserves financières plutôt que l’accumulation de métal précieux. Cette approche illustre des choix stratégiques contrastés, où l’or peut être perçu comme une garantie contre les crises ou comme un actif pouvant être mobilisé en cas de nécessité.
La Belgique maintient pour l’instant sa réserve sous surveillance, composée d’environ 18 160 lingots de 12,5 kg chacun. Aucune modification dans la gestion de ces actifs n’a été annoncée, laissant en suspens la question de leur éventuelle utilisation face aux défis budgétaires du pays.








