Le bonheur des Belges varie considérablement selon leur statut parental et leur activité professionnelle. C’est ce que révèle une récente étude menée par Statbel, qui croise pour la première fois ces deux dimensions pour établir un portrait statistique des gens heureux dans le pays.
Publiée en mars 2025, l’analyse offre un éclairage inédit sur les facteurs qui influencent le sentiment de satisfaction des citoyens. L’importance de ce travail réside dans sa capacité à guider les politiques publiques en matière d’emploi, de famille et de santé mentale.
Les personnes inactives avec enfants, championnes du bonheur
Parmi les résultats les plus marquants, les Belges les plus heureux sont ceux qui n’ont pas d’emploi, mais qui élèvent des enfants. Leur score moyen de satisfaction atteint 7,8 sur 10, plaçant ce groupe en tête du classement. Cette catégorie inclut notamment les parents au foyer, souvent des femmes, qui consacrent leur temps à l’éducation de leurs enfants. Selon l’étude menée par Statbel, ce résultat pourrait s’expliquer par la valorisation personnelle tirée de la parentalité, combinée à une moindre exposition au stress lié au travail.
À l’opposé, les chômeurs sans enfants présentent le niveau de satisfaction le plus bas, avec une moyenne de 6,3 sur 10. Le sentiment de solitude, couplé à l’instabilité financière, semble peser lourdement sur le moral de cette catégorie. L’office de la statistique souligne que l’absence de perspective professionnelle, lorsqu’elle n’est pas compensée par des responsabilités parentales, accentue le mal-être général.
Les actifs, avec ou sans enfants, occupent des positions intermédiaires dans le classement. Les personnes actives avec enfants déclarent un score de satisfaction de 7,6, ce qui montre une relative harmonie entre vie professionnelle et familiale pour une partie de la population. En revanche, les actifs sans enfants sont légèrement en retrait avec une moyenne de 7,2, sans doute en raison d’un déséquilibre entre ambitions personnelles et solitude affective.
Un bonheur genré et lié à l’équilibre de vie
Le croisement des données révèle également des différences de perception entre hommes et femmes. Chez les personnes inactives avec enfants – les plus heureuses – les femmes sont surreprésentées, ce qui interroge sur la persistance de schémas traditionnels dans la répartition des rôles familiaux. Ce résultat montre que le bonheur féminin est encore fortement lié à la sphère domestique, là où les hommes restent davantage conditionnés par leur réussite professionnelle.
Le rapport établit aussi un lien direct entre le nombre d’enfants et le niveau de bonheur. Les personnes ayant deux enfants sont globalement plus satisfaites (score de 7,7) que celles qui n’en ont qu’un ou plus de trois. Ce chiffre traduit une forme d’équilibre optimal : deux enfants permettent de vivre l’expérience parentale sans surcharge mentale ni difficultés économiques trop importantes.
En matière d’activité professionnelle, les indépendants affichent un niveau de satisfaction comparable à celui des salariés, à condition qu’ils aient des enfants. En revanche, les indépendants sans enfants apparaissent plus exposés au stress et à la solitude, avec un score qui chute à 6,8. L’étude suggère que le sens donné à son activité, notamment par sa contribution à un projet familial, joue un rôle central dans la perception du bonheur.
Enfin, le niveau d’études et les conditions de logement influencent également la satisfaction, mais dans une moindre mesure que la parentalité ou l’activité. Statbel conclut en appelant à une meilleure reconnaissance du travail invisible réalisé dans la sphère privée, notamment par les parents au foyer, dont le rôle dans le tissu social reste souvent marginalisé dans les politiques publiques.
