Le ministre belge de l’Emploi, David Clarinval, a récemment attiré l’attention sur un phénomène inquiétant qui touche le secteur artistique : une augmentation exponentielle des coûts. En commission des Affaires sociales de la Chambre, il a indiqué que le nombre de bénéficiaires des allocations destinées aux artistes et les montants versés avaient considérablement augmenté depuis l’introduction de l’Attestation du travail des arts (ATA).
Cette évolution témoigne d’une évolution complexe des besoins et des défis économiques rencontrés par les créateurs dans un contexte où la demande de soutien financier n’a cessé de croître ces dernières années. Les implications de cette augmentation sur la réforme du statut des artistes et les conditions d’accès aux allocations de chômage pour les travailleurs du secteur culturel sont au cœur des discussions actuelles.
Une augmentation exponentielle des bénéficiaires et des montants versés
L’Attestation du travail des arts (ATA), mise en place pour permettre aux artistes de percevoir des allocations de chômage entre deux missions, a connu une évolution marquante ces dernières années. Selon les données fournies par David Clarinval, le nombre d’artistes bénéficiaires de cette attestation a explosé depuis sa réforme, tout comme les montants alloués, a relaté Sudinfo. En 2024, ce sont ainsi 8.560 artistes qui ont touché un total de 136 millions d’euros, bien loin des 11 millions d’euros initialement budgétés.
Cette hausse substantielle des montants versés est le reflet d’une réforme ambitieuse entamée par le précédent gouvernement fédéral, qui a élargi l’accès à ces allocations à des catégories de travailleurs auparavant exclues, notamment les techniciens et autres professions de soutien au monde artistique. L’objectif de cette réforme était de mieux répondre aux réalités économiques du secteur, en offrant aux artistes un soutien plus stable durant les périodes de creux dans leur activité.
Cependant, cette évolution n’a pas été sans conséquence. La répartition des allocations a montré que la moitié des travailleurs concernés étaient au chômage depuis plus de cinq ans et ne travaillaient en moyenne que 65 jours par an. Ce constat soulève des interrogations sur la viabilité de ce modèle à long terme et sur la manière de concilier soutien aux artistes et gestion responsable des finances publiques. Clarinval a d’ailleurs souligné que cette situation pourrait remettre en question l’équité entre les différentes catégories de travailleurs et que des ajustements seraient nécessaires.
Des réformes en cours : la question du maintien du système actuel
Face à l’augmentation des coûts et à l’évolution des besoins des artistes, plusieurs réformes sont actuellement à l’étude. David Clarinval a évoqué la possibilité de limiter à deux ans les allocations chômage pour les travailleurs de moins de 55 ans, y compris les artistes. Cela impliquerait une révision du statut d’artiste, puisque l’Attestation du travail des arts est actuellement accordée pour une durée de cinq ans. Cette réforme s’inscrit dans une volonté de rééquilibrer le système, en limitant le nombre d’années pendant lesquelles un artiste peut bénéficier d’un soutien sans travailler de manière continue.
La proposition a fait l’objet de vives discussions au sein du gouvernement. Bien que Clarinval ait indiqué que la réforme serait maintenue, elle soulève des questions sur la manière dont les artistes seront traités par rapport aux autres travailleurs. Sarah Schlitz, députée d’Ecolo, a d’ailleurs exprimé ses craintes concernant les projets du ministre, estimant que l’attestation du travail des arts avait permis aux artistes de disposer enfin d’un « moyen de subsistance décent ». Pour elle, les réformes proposées risquent de remettre en cause les avancées obtenues et de pénaliser les créateurs qui ont besoin de cette aide pour survivre.
Les débats sur la réforme du statut d’artiste reflètent des divergences au sein de la majorité. Si certains estiment que l’adaptation du système est nécessaire pour éviter une inégalité de traitement, d’autres, comme Sarah Schlitz, jugent les propositions inquiétantes. La question qui se pose aujourd’hui est donc de savoir comment concilier un soutien financier adapté aux artistes tout en préservant la stabilité budgétaire du pays.