Le débat sur les allocations de chômage divisent la classe politique en Belgique. A chaque échéance électorale, le débat revient tel un leitmotiv entre les acteurs politiques nationaux et régionaux, mettant en exergue le clivage entre les hommes politiques de gauche et de droite, mais aussi entre les Flamands et les Wallons.
En effet, le clivage concernant les allocations de chômage en Belgique touche à la question de la limitation de l’obtention des indemnités de chômage, la réglementation actuelle ne prévoyant pas de limitation dans le temps et les chômeurs belges pouvant bénéficier de ces allocations de façon illimitée. Cela ne plait pas à tous les acteurs politiques du Plat pays, si l’on tient compte du contenu du débat sur la question.
C’est le cas du Mouvement réformateur (MR) et des Engagés qui n’ont jamais cessé de dire leur désapprobation de la situation actuelle des allocations de chômage, exigeant qu’il leur soit imposé une limite de deux années. Contrairement au Parti socialiste (PS) et au Parti du travail de Belgique (PTB) qui s’opposent catégoriquement à cette idée de limitation dans le temps des allocations de chômage.
Le MR et les Engagés pour une limitation des allocations de chômage
Pour le MR, il est souhaitable de limiter le versement des allocations de chômage à deux années, comme le font les Français et les Néerlandais. Pour ce parti libéral de droite, repris par le média L’Echo, « la Belgique est l’un des seuls pays de l’OCDE à ne pas prévoir de limitation dans le temps (…) et ce paradoxe ne se justifie plus dans un marché de l’emploi tendu, où tous les postes vacants ne parviennent pas à être remplis ».
Les Réformateurs tentent une argumentation en mettant le doigt sur le nombre de chômeurs qui bénéficient des allocations pendant plus de deux années et en proposant des actions plus ciblées. Ils font savoir par exemple que 60 % des Bruxellois sont bénéficiaires des allocations de chômage depuis plus de deux années alors qu’ils sont environ 50 % de Wallons dans ce cas.
En limitant les allocations à deux années, de l’argent sera économisé. Et pour le MR, c’est de l’argent qui servira plutôt à les maintenir en illimité pour les chômeurs âgés de 55 ans et plus, eux qui trouvent généralement d’énormes difficultés à retrouver un emploi, comme toutes les personnes d’un certain âge. Cet argent servira également à revaloriser les allocations des chômeurs durant leurs six premiers mois.
Le PS et le PTB pour le maintien du système actuel des allocations
C’est le cas également du parti des Engagés qui veut aussi limiter les allocations de chômage à deux années. Il propose en contrepartie d’augmenter leur montant initial à 75 % ou 80 % du dernier salaire perçu. « Tout chercheur d’emploi se verrait automatiquement proposer un contrat de travail dans le secteur public ou associatif », précisent les Engagés qui n’excluent pas les entreprises privées qui pourraient, dans ce cas, bénéficier d’un subside.
Du côté gauche de l’échiquier politique, l’opposition à une telle réforme est catégorique. Comme pour le Parti socialiste qui estime que « cette limitation dans le temps serait complètement inefficace et aurait pour effet de précariser encore plus les personnes sans emploi et de mettre en grande difficulté les pouvoirs locaux ».
Situé un peu à gauche de la gauche, le Parti du travail de Belgique s’identifie comme un parti unitaire rejetant le clivage linguistique qui empoisonne la vie politique belge depuis plusieurs années. Il est aussi hostile à une remise en cause du système actuel des allocations de chômage. « Limiter les allocations de chômage dans le temps revient à augmenter la précarité », estime le PTB, qui précise que « c’est aussi une politique inefficace ».