La Belgique consacre une part importante de son PIB aux subventions publiques destinées aux entreprises privées. Selon une étude récente de la Banque nationale de Belgique (BNB), notre pays offre environ 1,5 % de PIB de plus que ses voisins européens pour soutenir ses entreprises, notamment à travers des aides fiscales et des subventions salariales. Si ces aides sont justifiées par la nécessité de soutenir la compétitivité des entreprises belges, elles suscitent également des interrogations sur leur efficacité à long terme.
Les subventions publiques aux entreprises en Belgique visent à compenser la pression fiscale élevée sur le travail. En effet, selon la BNB, bien que la Belgique soit souvent perçue comme un pays où la fiscalité du travail est trop lourde, les subventions permettent de réduire l’impact de ces taxes, notamment pour les secteurs les plus exposés à la concurrence internationale. Le chercheur Bruno Bauraind souligne que cette aide permet de soutenir des secteurs où la compétitivité pourrait autrement être mise en péril par des coûts salariaux élevés.
Cependant, la BNB note également que, lorsqu’on intègre ces subventions, la pression fiscale nette sur le travail devient moins élevée en Belgique qu’en France ou en Allemagne. Cela amène à relativiser l’idée du « handicap salarial belge » souvent mis en avant par les industries locales. Cette analyse invite à réévaluer les politiques fiscales et les aides publiques dans un cadre européen plus large.
Une dépendance qui freine l’innovation
Malgré la volonté de soutenir l’emploi et la compétitivité, ces aides publiques sont aussi critiquées pour leur effet potentiel de dépendance des entreprises. En effet, selon Bruno Bauraind, les entreprises belges pourraient s’habituer à ces aides et ne pas investir dans des technologies permettant de moderniser leurs outils de production, rapporte la RTBF. Ce phénomène, qu’il qualifie d’« accoutumance », limite la compétitivité à long terme et empêche l’émergence d’innovations nécessaires à une transition vers une économie plus durable et technologiquement avancée.
Le point de vue des PME
De l’autre côté du débat, Clarisse Ramakers, directrice générale d’Agoria Wallonie, défend l’importance des subventions pour le tissu économique belge, majoritairement constitué de PME. Selon elle, ces subventions sont cruciales pour permettre aux entreprises de surmonter les défis économiques, comme l’augmentation des coûts énergétiques ou la transition écologique. Pour elle, ces aides sont essentielles non seulement pour maintenir l’emploi direct, mais aussi pour générer des emplois indirects.
Un débat complexe et sans consensus
Le débat sur la pertinence des subventions publiques en Belgique reste ouvert. D’un côté, elles sont vues comme une aide nécessaire pour maintenir l’équilibre économique et soutenir les entreprises face à la mondialisation. De l’autre, elles suscitent des critiques sur leur efficacité à long terme, notamment lorsqu’elles sont perçues comme un frein à l’innovation et à l’adaptation des entreprises. En l’absence de consensus, la question demeure : faut-il continuer à soutenir massivement le secteur privé ou privilégier des politiques de réinvention industrielle ?








