Budget défense : la dette de la Belgique sur une ligne de crête selon la BCE

La BCE avertit que la hausse rapide des dépenses militaires, en particulier en Belgique, risque de compromettre l’équilibre budgétaire à moyen terme.

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Dette belge et BCE
Budget défense : la dette de la Belgique sur une ligne de crête selon la BCE : Crédit : Euronews | Econostrum.info - Belgique

La Banque centrale européenne tire la sonnette d’alarme sur les effets budgétaires des investissements massifs dans la défense. Cette dynamique, motivée par le contexte géopolitique en Europe de l’Est, suscite des inquiétudes croissantes quant à la soutenabilité de la dette publique.

La Belgique, comme d’autres pays européens, s’est engagée dans une hausse inédite de ses dépenses militaires depuis la fin de la Guerre froide. Dans son dernier rapport sur la stabilité financière, la BCE cible directement le cas belge, mettant en avant les risques d’un déséquilibre budgétaire aggravé.

Une trajectoire de déficit préoccupante pour la Belgique

La Belgique prévoit d’augmenter ses dépenses militaires de manière significative, en les faisant passer de 1,3 % à 2 % du produit intérieur brut dès cette année. Cet effort financier, aligné sur les objectifs de l’OTAN, représente plusieurs milliards d’euros supplémentaires, dans un contexte déjà marqué par une dette publique élevée. D’après les dernières estimations, ce réarmement ferait passer le déficit de l’« entité 1 » (qui regroupe l’État fédéral et la Sécurité sociale) de 17 milliards à 25,5 milliards d’euros en une seule année. En 2023, la dette belge atteignait déjà 103 % du PIB.

La BCE prévient que cette hausse du déficit, combinée à des taux d’intérêt plus élevés, pourrait compliquer la trajectoire de retour à l’équilibre budgétaire, relate 7sur7.be. Elle souligne que, sans croissance économique suffisante pour compenser cette dynamique, la viabilité des finances publiques belges pourrait être remise en question. L’institution évoque également des obstacles structurels comme la faible productivité, qui freinent le potentiel de croissance à moyen terme.

Si elle comprend les raisons stratégiques qui motivent ces choix, la BCE insiste sur la nécessité d’une coordination budgétaire rigoureuse. Elle appelle à la prudence et recommande d’intégrer ces nouvelles dépenses dans une stratégie à long terme, prenant en compte l’ensemble des contraintes macroéconomiques. En l’absence d’un tel cadre, le réarmement risque d’alourdir durablement les finances de l’État belge et de nuire à la stabilité des marchés financiers.

Une mise en garde élargie à l’ensemble de la zone euro

La Belgique n’est pas seule dans cette situation. La BCE cite également la France, l’Italie et l’Espagne comme des économies particulièrement exposées. Toutes affichent des ratios de dette publique supérieurs à 100 % du PIB, et certaines, comme la France, cumulent des déficits particulièrement élevés. Paris envisage par exemple de porter ses dépenses de défense à 3,5 % du PIB d’ici 2030, ce qui représenterait environ 120 milliards d’euros par an, soit le double de son niveau actuel. L’Italie et l’Espagne, elles aussi confrontées à des niveaux d’endettement élevés, cherchent à accroître leurs capacités militaires tout en respectant les nouvelles règles du pacte de stabilité européen.

La BCE note que ces dépenses pourraient avoir des effets économiques positifs si elles sont orientées vers des investissements au sein de l’Union européenne. Elles pourraient notamment renforcer l’industrie de la défense, créer des emplois et stimuler l’innovation. Mais ces bénéfices restent incertains à court terme, et les risques financiers l’emportent largement dans l’analyse de l’institution monétaire.

La fin des achats massifs d’obligations souveraines par la BCE accentue ces risques. Les États devront désormais s’appuyer sur les marchés pour financer leurs déficits, ce qui augmentera l’offre de titres publics. La capacité des investisseurs à absorber ces volumes supplémentaires sera déterminante. En cas de tensions, une revalorisation du risque souverain pourrait intervenir, avec des conséquences en chaîne sur les taux d’intérêt, la notation des dettes et le financement du secteur privé.

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