La réforme des pensions prévue en 2025 en Belgique suscite de nombreuses inquiétudes. Destinée à assurer la pérennité du système de retraite, elle entraînera des pertes financières pour plusieurs catégories de travailleurs.
Les fonctionnaires, les travailleurs bénéficiant de régimes préférentiels et les indépendants seront particulièrement touchés. Le gouvernement justifie ces mesures par la nécessité d’un équilibre budgétaire, mais elles risquent de creuser les inégalités entre les pensionnés.
Des suppressions d’avantages pour certaines catégories de travailleurs
L’un des changements majeurs concerne la pension anticipée, qui permettait jusqu’ici à certains travailleurs de partir avant l’âge légal de 65 ans (et bientôt 67 ans d’ici à 2030). Actuellement, un salarié peut prendre sa retraite dès 60 ans s’il justifie de 44 ans de carrière ou à 63 ans avec 42 ans d’activité. La réforme prévoit un relèvement de ces seuils, rendant l’accès à la pension anticipée plus difficile.
Les périodes dites assimilées, comme le chômage, les crédits-temps ou certaines longues maladies, seront moins bien prises en compte dans le calcul de la pension. Jusqu’à présent, un chômeur de longue durée pouvait conserver 80 % de ses droits ; ce taux pourrait être revu à la baisse avec la réforme. Cela signifie que les travailleurs ayant connu des interruptions de carrière risquent de toucher une pension plus faible.
Le gouvernement prévoit également une modification des régimes préférentiels qui bénéficiaient à certains secteurs. Par exemple, les cheminots et les policiers, qui peuvent actuellement partir plus tôt en raison de la pénibilité de leur emploi, pourraient voir leurs avantages réduits. Ces ajustements pourraient représenter une perte annuelle de 500 à 2 000 euros pour certains pensionnés.
Un impact majeur sur les fonctionnaires et les indépendants
Les fonctionnaires sont parmi les plus touchés par la réforme. Actuellement, leur pension est calculée sur les cinq meilleures années de leur carrière, ce qui leur permet d’obtenir une rente relativement élevée par rapport aux travailleurs du privé. À partir de 2025, cette règle pourrait être modifiée pour prendre en compte une moyenne plus large, par exemple les dix ou quinze meilleures années. Cette mesure réduirait mécaniquement le montant des pensions des agents publics.
Un autre changement majeur concerne les bonifications de carrière, notamment pour les enseignants et certains cadres de l’administration. Jusqu’à présent, une année de travail pouvait être comptabilisée comme 1,1 ou 1,2 année pour le calcul de la pension. Ce système, qui permettait d’accélérer l’accès à la retraite et d’augmenter le montant des pensions, devrait être supprimé. En conséquence, certains fonctionnaires devront travailler plus longtemps pour obtenir le même niveau de pension qu’aujourd’hui.
Les indépendants, qui bénéficient déjà d’une pension inférieure de 30 % en moyenne par rapport aux salariés, risquent également de voir leur situation se dégrader. Actuellement, le montant moyen de leur pension est d’environ 1 200 euros bruts par mois, contre 1 600 euros pour un salarié et 3 200 euros pour un fonctionnaire. La réforme ne prévoit pas d’augmentation significative de leur pension minimale, ce qui pourrait accentuer les inégalités entre statuts professionnels.
Le gouvernement affirme que ces mesures permettront de stabiliser le budget des retraites, qui représente aujourd’hui 11 % du PIB et pourrait atteindre 13 % d’ici à 2050 en l’absence de réforme. Pourtant, les syndicats dénoncent une réforme qui précarise les pensionnés, en particulier ceux dont la carrière a été marquée par des interruptions involontaires.








