Arrêt de travail : les syndicats intensifient la pression pour faire reculer le gouvernement

Les syndicats demandent au gouvernement de revenir sur un décret modifiant le calcul des indemnités journalières en arrêt de travail.

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Un employé remplissant un document pour évoquer les arrêts de travail
Arrêts de travail : un durcissement des règles attend les salariés | Econostrum.info

Depuis l’adoption du décret du 20 février 2025, le calcul des indemnités journalières versées par l’Assurance-maladie a été modifié, provoquant une levée de boucliers des syndicats et des organisations patronales. Cette réforme, qui réduit le plafond de couverture en arrêt de travail, pourrait pénaliser de nombreux salariés et alourdir les charges des entreprises. 

Le décret, bien que validé par le gouvernement, avait déjà été rejeté en novembre 2024 par le Conseil d’administration de la Caisse nationale d’Assurance-maladie (CNAM). Cette opposition unanime entre représentants des assurés, syndicats et employeurs est un fait rare, soulignant l’impact controversé de cette réforme.

Les organisations syndicales et le Centre technique des institutions de prévoyance (CTIP) estiment que cette nouvelle règle pourrait coûter jusqu’à 800 millions d’euros aux entreprises et aux salariés. Denis Gravouil, membre de la CGT, déplore également des répercussions négatives sur les travailleurs précaires qui risquent de voir leur indemnisation fortement diminuée.

Le secrétaire général de Force ouvrière (FO), Frédéric Souillot, a adressé une lettre officielle à François Bayrou demandant la suspension du décret. Il y rappelle que cette réforme a été adoptée malgré un rejet unanime des partenaires sociaux, ce qui pose un problème de dialogue social et de concertation.

Ce qui va changer dès le 1er avril 2025

Actuellement, les salariés en arrêt de travail perçoivent des indemnités journalières prises en charge par l’Assurance-maladie, couvrant jusqu’à 1,8 fois le Smic, soit 3 243,24 euros par mois. À partir du 1er avril 2025, ce plafond sera abaissé à 1,4 fois le Smic, soit 2 522,52 euros, entraînant une diminution directe de la prise en charge pour les salariés concernés.

Cette réforme va impacter les entreprises, car le Code du travail impose aux employeurs de verser une indemnité complémentaire aux salariés en arrêt depuis plus d’un an, garantissant 90 % de leur rémunération. Avec la baisse du plafond, la part à charge des entreprises va donc automatiquement augmenter, ce qui risque de peser sur les finances de certaines d’entre elles, en particulier les TPE et PME qui ne disposent pas d’un contrat de prévoyance collective.

Arrêt de travail : François Bayrou sous pression pour suspendre la réforme

Face à la contestation croissante, Matignon n’a pour l’instant pas répondu à la demande de Force ouvrière. Cependant, le gouvernement pourrait être contraint d’agir, car cette réforme s’ajoute à un contexte social déjà tendu, notamment avec la grogne persistante sur les salaires et les conditions de travail.

Si François Bayrou choisit de maintenir la réforme, il risque d’accentuer le mécontentement des salariés et des entreprises. À l’inverse, s’il suspend la mesure, il devra justifier ce revirement auprès des ministres de Bercy, qui défendent la réforme pour des raisons budgétaires.

Le Premier ministre devra donc trancher rapidement : maintenir une réforme impopulaire mais financièrement justifiée, ou céder à la pression sociale en suspendant un texte qui divise profondément les acteurs économiques et syndicaux. Les prochaines semaines seront décisives pour connaître l’issue de ce bras de fer.

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