La réforme de l'assurance chômage est au centre d'un débat acharné entre le gouvernement et les syndicats. Suite à l'annonce du Premier ministre, Gabriel Attal, des différentes mesures qui vont toucher les demandeurs d'emploi à partir du mois de décembre, les syndicats sont, en effet, montés au créneau, qualifiant les changements annoncés de « réforme la plus violente » et dénonçant « une punition collective ».
La ministre du Travail, Catherine Vautrin, est venue ce lundi 27 mai à la rescousse du Premier ministre en défendant bec et ongles cette réforme sur RMC/BFMTV. Elle a mis en avant un argument déjà battu en brèche par les syndicats en affirmant qu'« aujourd’hui, nous avons près de 400 000 emplois qui ne trouvent pas preneurs ». La ministre a également remis en cause le modèle social français : « On a un modèle social qui n’est pas suffisamment incitatif au retour à l’emploi », a-t-elle estimé.
La responsable a également comparé la France à d'autres pays européens pour justifier le durcissement de certaines conditions d'accès à l'assurance chômage : « Nous nous rapprochons tout simplement des différents pays européens », a-t-elle affirmé, indiquant qu'en « Allemagne, il faut avoir travaillé pendant douze mois sur les trente derniers mois pour pouvoir être indemnisé. En France, il faudra avoir travaillé 8 mois sur les 20 derniers mois ».
Catherine Vautrin s'est également exprimée sur les mesures qui touchent les seniors : « Ce que les seniors nous disent, c’est que retrouver un emploi peut-être, mais au même salaire, c’est plus compliqué », indique-t-elle, en mettant en avant le bonus pour les plus de 57 ans. C’est une « dépense qui est faite pour accompagner le senior et pour l’aider à retourner vers l’emploi », ajoute la ministre, en rappelant le leitmotiv de l'exécutif qui présente cette réforme comme une aubaine pour lutter contre le chômage.
Les syndicats montent au créneau contre la réforme de l'assurance chômage
L’idée de ces réformes, « c’est réellement d’inciter les uns et les autres à aller vers l’emploi », martèle donc la ministre. Toutefois, il faut dire que les arguments du gouvernement ne sont pas partagés par les syndicats qui sont montés au créneau contre cette réforme. « C’est le pire durcissement des conditions d’indemnisation qui soit mis en œuvre depuis toujours. Quand les partenaires sociaux avaient la main, il fallait avoir travaillé quatre mois dans les 28 mois, et là, on passe à huit mois dans 20 », constate Michel Beaugas de la Force ouvrière (FO).
« Ça va faire baisser de plus de 15 % les demandeurs d’emploi qui entreront dans l’indemnisation chômage, c’est-à-dire qu’on va laisser dans la précarité et la pauvreté des demandeurs d’emploi précaires déjà », dénonce-t-il. Le secrétaire général des cadres de la CFE-CGC François Hommeril, de son côté, accuse le gouvernement de mentir pour « faire les poches » des salariés en stigmatisant les chômeurs. « C’est une réforme populiste », dénonce le syndicaliste.