Après des mois d’incertitude, la décision est désormais définitive. Le Conseil d’État a rejeté les recours des motards, validant ainsi l’obligation de contrôle technique pour les véhicules motorisés. Une mesure qui s’inscrit dans un cadre européen, mais qui suscite de nombreuses interrogations, notamment en ce qui concerne son impact sur la sécurité et le budget des conducteurs.
Le Conseil d’État a tranché : les motards français devront bien passer par la case garage pour un contrôle technique périodique. Après plusieurs recours de la Fédération Française des Motards en Colère (FFMC), la plus haute juridiction administrative a confirmé cette obligation qui s’appliquera dès le 1er janvier 2025. Bien que le gouvernement ait tenté de trouver des solutions alternatives, comme l’installation de radars, le Conseil d’État a jugé ces dispositifs insuffisants pour atteindre les objectifs de sécurité fixés par la directive européenne.
Cela signifie qu’à partir de 2025, tous les véhicules à deux roues de plus de sept ans devront subir ce contrôle technique sous peine de sanctions, pouvant aller de 135 à 750 euros d’amende pour un retard de paiement. Le décret qui le rend obligatoire ne fait plus de place à l’incertitude : il faut s’y conformer ou risquer des amendes, indiquent nos confrères de Capital.
Pourquoi cette nouvelle réglementation fait débat
Ce contrôle technique vise avant tout à améliorer la sécurité des motards, un objectif soutenu par l’Union européenne et la France, qui ont mis en place cette obligation en réponse à des préoccupations concernant la mortalité sur les routes. En effet, selon le Conseil d’État, les premiers contrôles effectués entre avril et mai 2024 ont révélé que 45 % des deux-roues contrôlés présentaient des défaillances techniques. Parmi celles-ci, plus de 11 % étaient jugées graves, impliquant des risques réels pour la sécurité des conducteurs et des autres usagers de la route.
Malgré ces données alarmantes, le secteur reste partagé sur l’efficacité de cette mesure. Pour certains, ce contrôle technique est perçu comme une contrainte supplémentaire qui pourrait alourdir les coûts d’entretien des deux-roues, en particulier pour les conducteurs de modèles anciens. D’autres soulignent la pression financière que cela pourrait entraîner, en particulier pour les motards moins fortunés, déjà confrontés à des frais de carburant, d’assurance et de maintenance.
L’impact du contrôle technique sur les motards : un enjeu de sécurité, mais pas seulement
L’introduction de cette mesure soulève également des préoccupations concernant les implications pratiques pour les motards. Un certain nombre d’entre eux, notamment ceux qui possèdent des véhicules anciens ou moins performants, se demandent si le contrôle technique ne deviendra pas une formalité coûteuse et compliquée, risquant de les exclure d’une activité déjà perçue comme onéreuse. En effet, un nombre croissant de motards se retrouvent dans la nécessité de réviser et de réparer leurs machines pour répondre aux critères du contrôle, ce qui peut entraîner des dépenses imprévues.
Cependant, la filière professionnelle, y compris les garagistes, estime que cette mesure pourrait avoir un effet positif à long terme sur la profession, en permettant une meilleure standardisation des équipements et une réduction des risques d’accidents liés à des véhicules mal entretenus. Pour les conducteurs qui adoptent des pratiques rigoureuses d’entretien de leur véhicule, ce contrôle pourrait simplement renforcer une démarche déjà responsable.
La mise en œuvre du contrôle technique : une transition progressive
Bien que l’obligation s’applique à partir de 2025, le gouvernement a mis en place une période de transition. En 2024, seuls les véhicules immatriculés avant le 31 décembre 2016 étaient concernés, avec une extension progressive pour les véhicules plus récents. Cela permettra aux motards de se préparer à cette obligation, de prendre leurs dispositions et, le cas échéant, de réparer leurs motos pour répondre aux critères du contrôle.
Le gouvernement espère qu’avec cette période de transition, les motards auront le temps de s’adapter et d’anticiper les coûts et les démarches administratives. Une telle approche permet également aux professionnels du secteur de se préparer à la mise en œuvre effective de cette mesure, en formant les techniciens et en s’assurant de la qualité des contrôles effectués.