Cinq ans après le premier confinement, le télétravail s’est largement installé dans les habitudes des cadres français. Selon une étude de l’Apec, la part des cadres travaillant à distance, au moins un jour par semaine, est passée de 28 % en 2019 à 65 % en 2025. Cette évolution a transformé l’organisation du travail et la plupart des entreprises l’ont intégré à leur fonctionnement, notamment les grandes structures.
Cependant, certaines directions envisagent de réduire ou de limiter cette pratique, suivant une tendance amorcée aux États-Unis, où plusieurs géants comme JP Morgan, Dell et Amazon ont imposé un retour intégral en présentiel. Cette perspective est loin de séduire les cadres français : 82 % d’entre eux se disent opposés à toute suppression du télétravail et un sur deux affirme qu’il pourrait démissionner si leur entreprise prenait cette décision.
La majorité des cadres apprécient la flexibilité offerte par le télétravail
Les avantages du télétravail sont nombreux pour les salariés. L’étude montre qu’il permet de réduire la fatigue liée aux transports, d’améliorer l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle et de favoriser une meilleure concentration sur certaines tâches. Les femmes sont particulièrement favorables à cette organisation, même si elles ne disposent pas toujours d’un espace dédié à la maison et doivent souvent travailler dans des conditions moins optimales, comme sur la table de la cuisine.
Les parents d’enfants âgés de 6 à 17 ans sont également de fervents partisans du télétravail, qui leur permet une plus grande flexibilité. À l’inverse, les parents de jeunes enfants trouvent parfois cette organisation difficile à concilier avec la gestion du quotidien.
Toutefois, certains cadres restent réservés vis-à-vis du télétravail. 12 % d’entre eux estiment que ses inconvénients surpassent ses avantages, notamment les jeunes actifs, qui préfèrent être au bureau pour tisser des liens avec leurs collègues, et certains seniors, qui cherchent à rompre l’isolement.
Le télétravail représente un levier d’attractivité et de fidélisation pour attirer les jeunes talents
Si certaines entreprises cherchent à limiter le télétravail, la plupart ont conscience de son rôle stratégique dans l’attractivité et la fidélisation des talents. Aujourd’hui, les candidats à un poste prennent en compte cette possibilité avant de rejoindre une entreprise. Le télétravail est devenu un acquis social pour de nombreux cadres, et une suppression brutale pourrait provoquer une vague de départs, en particulier dans les secteurs où la concurrence pour recruter est forte.
Si le télétravail s’est imposé comme un standard pour les cadres, il reste encore inaccessible à une grande partie des salariés. L’étude de l’Apec révèle que seulement 28 % des professions intermédiaires et 11 % des employés peuvent en bénéficier, contre 1 % seulement des ouvriers. Cette fracture souligne les inégalités croissantes entre les métiers compatibles avec le télétravail et ceux qui nécessitent une présence physique constante.
Dans ce contexte, toute tentative de restriction du télétravail risque de susciter de vives réactions parmi les cadres, qui y voient un élément clé de leur bien-être au travail et un critère décisif dans leurs choix professionnels.