Alors que l’Union européenne a fixé 2035 comme date butoir pour l’arrêt de la vente des voitures thermiques, la France ne l’intégrera pas immédiatement dans son droit national. L’Assemblée nationale a rejeté cette échéance, préférant maintenir l’objectif de 2040, déjà inscrit dans la législation française.
Le principal argument avancé par les députés opposés à la transposition de cette mesure concerne l’impact économique sur les ménages et l’industrie automobile. Matthias Renault, député du Rassemblement national, a souligné que le coût d’achat d’un véhicule électrique reste prohibitif pour de nombreux Français, en particulier les ménages modestes.
De plus, certains parlementaires estiment que le secteur automobile européen n’est pas prêt pour cette transition accélérée. La députée macroniste Danielle Brulebois a rappelé que la Commission européenne prévoit une clause de réévaluation en 2026, et qu’il n’est donc pas urgent d’inscrire cette date dans la loi française dès maintenant.
Le gouvernement défend un calendrier plus ambitieux
Le ministre de l’Industrie et de l’Énergie, Marc Ferracci, s’est montré déçu par cette décision. Il a rappelé que 2035 est une échéance déjà actée au niveau européen, et que les constructeurs automobiles s’y préparent activement. Selon lui, les industriels ne remettent pas en cause cet objectif, mais réclament davantage de souplesse sur les sanctions financières prévues en cas de non-respect des quotas de réduction des émissions de CO₂.
En effet, la norme CAFE (Corporate Average Fuel Economy) impose aux constructeurs de vendre des véhicules de moins en moins polluants sous peine de lourdes amendes dès 2025. Face à cette pression, certains gouvernements, dont la France, l’Allemagne et l’Italie, plaident pour un assouplissement des pénalités, expliquent La Tribune.
Bruxelles pourrait alléger les sanctions pour les constructeurs
La Commission européenne a pris en compte les demandes des industriels et pourrait proposer des ajustements dès le 5 mars 2025. Ursula von der Leyen, présidente de la Commission, a reconnu que l’industrie automobile européenne traverse un moment charnière, notamment face à la concurrence chinoise qui propose des véhicules électriques à des prix plus compétitifs.
L’Europe doit trouver un équilibre entre transition écologique et compétitivité industrielle. Le débat est d’autant plus sensible que plusieurs constructeurs, comme Audi, annoncent des suppressions d’emplois massives en raison de la chute des ventes et des coûts de production élevés en Europe.
La commercialisation des voitures thermiques divise au sein de l’UE
Alors que la droite européenne réclame des ajustements pour les constructeurs, l’extrême droite souhaite un abandon pur et simple des restrictions imposées par le Green Deal. De leur côté, les organisations environnementales dénoncent un lobbying agressif des industriels pour retarder la fin des voitures thermiques.
L’avenir de cette mesure reste incertain. Si la France maintient pour l’instant l’échéance de 2040, elle devra tôt ou tard aligner sa réglementation sur le cadre européen. En attendant, les discussions se poursuivent pour trouver un compromis entre impératifs économiques et ambitions écologiques.