Les voitures électriques chinoises devraient se vendre moins cher en Europe. La pression commerciale exercée par les États-Unis, via l’intensification des barrières tarifaires décidée par l’administration Trump, provoque un rapprochement stratégique entre l’Union européenne et la Chine. Dans ce contexte, la Commission européenne pourrait opter pour un changement de cap concernant sa politique douanière sur les voitures électriques chinoises.
Le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic, a évoqué la possibilité de supprimer les droits de douane sur les véhicules importés de Chine, en vigueur depuis octobre 2024 et atteignant jusqu’à 45,3 %. Ces droits pourraient être remplacés par un prix plancher à l’importation, compris entre 20 000 et 25 000 euros selon les estimations.
Ce mécanisme viserait à encadrer les ventes à bas prix sans bloquer l’accès au marché européen. Cette initiative, encore à l’étude, s’inscrit dans une volonté de réduire les tensions commerciales avec la Chine tout en protégeant un minimum les intérêts des constructeurs européens.
Relancer le commerce bilatéral
Cette proposition survient alors que le président chinois Xi Jinping appelle les pays européens à « résister ensemble » aux mesures protectionnistes de Washington. Pékin et Bruxelles ont récemment intensifié leurs discussions, notamment autour de la suppression réciproque de barrières tarifaires. La Chine est le troisième partenaire commercial de l’Union européenne et un acteur majeur pour plusieurs filières comme le luxe, les vins et spiritueux ou encore l’automobile haut de gamme.
Du côté chinois, des mesures de rétorsion avaient été prises en 2024 en réaction aux taxes européennes, notamment sur certains produits agroalimentaires. La levée des droits de douane pourrait rétablir un climat plus favorable aux échanges, tout en répondant aux exigences de certains secteurs exportateurs européens.
Un choix économique mais aussi technologique
Les experts interrogés par La Tribune soulignent que la technologie automobile chinoise est en avance, notamment en matière d’électrification et de logiciels embarqués. Un assouplissement des règles douanières pourrait ainsi ouvrir des opportunités de coopération industrielle, dans un contexte où les constructeurs européens peinent à financer leur transition énergétique.
Selon plusieurs observateurs, une collaboration accrue avec les acteurs chinois pourrait accélérer l’innovation dans le secteur, tout en offrant des sources de financement complémentaires aux projets européens.
Des inquiétudes pour l’industrie française face à la concurrence des voitures chinoises
Ce tournant commercial ne fait cependant pas l’unanimité. Certains acteurs du secteur pointent un risque de distorsion de concurrence. Les constructeurs français, spécialisés dans les véhicules d’entrée de gamme, redoutent d’être fragilisés par l’arrivée de modèles chinois à bas prix, même encadrés par un prix plancher. À l’inverse, les constructeurs allemands, davantage présents sur le segment premium, pourraient tirer profit d’un apaisement avec Pékin.
Dans ce contexte, le débat entre protection de l’industrie européenne et ouverture au commerce international reste vif. La décision de Bruxelles pourrait façonner durablement les relations économiques entre l’Europe et la Chine.