Bordeaux, Montpellier, Paris… : ces villes qui testent une allocation alimentaire de 150 euros

Un projet de loi envisage la mise en place d’une allocation alimentaire de 150 euros par mois, accessible à tous sans condition de ressources.

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Un couple ayant un caddie rempli pour illustrer l'importance de l'allocation alimentaire
Allocation alimentaire : 150 euros par mois pour mieux se nourrir, comment profiter de cette aide sans conditions de revenus ? | Econostrum.info

Face à l’augmentation de la précarité alimentaire, plusieurs collectivités locales expérimentent une allocation alimentaire universelle. Inspirée du modèle de la Sécurité sociale, cette initiative vise à garantir un accès équitable à des produits de qualité pour tous les ménages, indépendamment de leurs revenus.

Depuis plusieurs mois, plusieurs villes, comme Bordeaux, Montpellier et Clermont-Ferrand, ainsi que certains arrondissements parisiens et le département de la Gironde, testent ce dispositif de 150 euros par mois. Contrairement aux aides existantes, cette allocation alimentaire ne serait pas soumis à des critères de revenus.

L’objectif est de permettre aux bénéficiaires d’acheter des produits alimentaires de qualité dans des enseignes partenaires, notamment des épiceries solidaires, marchés locaux et magasins conventionnés. Cette aide fonctionne sur un principe de cotisation solidaire, où chaque participant verse une somme comprise entre 10 et 250 euros, avant de recevoir en retour un crédit mensuel utilisable pour leurs achats alimentaires.

Une réponse face à l’aggravation de la précarité alimentaire

La crise économique et l’inflation des prix des denrées ont accentué la difficulté pour certains ménages d’accéder à une alimentation équilibrée. Entre 2020 et 2024, le nombre de foyers bénéficiant de l’aide alimentaire a plus que doublé en Loire-Atlantique, passant de 16 000 à 34 000.

Cette situation s’explique par plusieurs facteurs : baisse des dons alimentaires des grandes surfaces, augmentation du coût de la vie et difficultés financières croissantes pour les ménages modestes. Certains distributeurs, autrefois généreux, préfèrent désormais revendre leurs invendus à prix réduit plutôt que de les offrir aux associations caritatives.

Dans un entretien accordé à Métropole Nantes, Benjamin Sèze, journaliste spécialiste des questions sociales, souligne que les ménages précaires sacrifient souvent la qualité de leur alimentation pour faire face aux dépenses prioritaires comme le logement et l’énergie.

Ils se tournent vers des produits caloriques et peu chers, ce qui accentue les risques de malnutrition et de problèmes de santé. L’instauration d’une Sécurité sociale alimentaire permettrait de garantir un accès égalitaire à une alimentation saine, indépendamment du revenu.

Une volonté de généraliser l’allocation alimentaire

Si le dispositif séduit déjà plusieurs collectivités, son extension à l’échelle nationale reste en discussion. Des députés écologistes plaident pour une expérimentation sur cinq ans afin d’évaluer l’impact du dispositif avant une éventuelle généralisation.

Selon ses défenseurs, cette initiative ne se substituerait pas aux aides sociales existantes, mais viendrait compléter le dispositif actuel, en ciblant plus particulièrement l’accès à des produits alimentaires sains et durables. Pour être pleinement efficace, ce chèque alimentaire devrait être accompagné d’un cadre réglementaire clair garantissant son utilisation dans un réseau de distribution respectant des critères de qualité et de traçabilité.

La mise en place de cette allocation alimentaire universelle soulève plusieurs interrogations politiques et budgétaires. Le Parlement devra trancher sur les modalités de financement et la pérennisation de cette aide dans les mois à venir.

Si le projet aboutit, il pourrait marquer une avancée significative dans la lutte contre la précarité alimentaire en France. En garantissant un accès universel à une alimentation équilibrée, il permettrait à des millions de foyers de mieux se nourrir tout en soutenant une agriculture locale et durable.

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