Alors que de nombreuses associations ont déjà exprimé leur refus, la mairie d'Amiens passe à l'acte et décide de mettre en application l'arrêté interdisant la mendicité dans la ville. Depuis le début du mois d’avril, des voix se sont élevées pour s’opposer à la décision. Certaines organisations, comme la ligue des droits de l'Homme, comptent même porter l'affaire dans les tribunaux.
La maire d’Amiens, Brigitte Fouré (UDI), vient de prendre la décision d’interdire « l'exercice de la mendicité ». L’arrêté, appelé à entrer en vigueur le 1ᵉʳ mai, concernera une trentaine de rues de la commune. Une lecture de l’arrêté réglementant la mendicité dans l’hyper-centre de cette ville, fait ainsi ressortir que toute personne exerçant la mendicité de 8 h à 20 h sera passible d’une amende.
Plusieurs raisons justifient cette décision, selon la marie d’Amiens. Dans son arrêté, celle-ci évoque des troubles à l’ordre public que pourrait constituer la mendicité dans l’hyper-centre et aux abords des commerces de manière continue et statique.
Les plaintes récurrentes des commerçants et les interventions des forces de l’ordre pour faire cesser ces troubles à l’ordre public figurent également parmi les causes qui ont amené Brigitte Fouré à prendre la décision pour garantir la sécurité des citoyens et leur libre circulation dans la ville.
L'interdiction de la mendicité ne fait pas l'unanimité
Toutefois, cette décision ne semble pas faire l’unanimité. Des voix s’élèvent déjà depuis le début du mois d'avril pour annuler l’arrêter. De nombreux collectifs et associations, à l’instar de l’association Les maraudes citoyennes amiénoises, la Coordination des intermittent.e.s et précaires de Picardie et le Réseau éducation sans frontières (RESF), ont initié des actions pour dénoncer cette décision qui toucherait même les SDF.
Sibylle Luperce, impliquée dans la Coordination des intermittent.e.s et précaires de Picardie et RESF, affirmait à France Info, le 3 avril, ne pas comprendre cet arrêté. « C'est une façon de masquer la réalité. La priorité est de lutter contre la pauvreté, pas de chasser les pauvres du centre-ville. Il faut essayer d'apporter de l'aide. Je me pose des questions sur les réelles motivations. On est à l'approche des JO, est-ce que c'est une façon de vider le centre-ville à leur approche ? », affirmait-elle.
Pour sa part, l’association Maraudes Citoyennes Amiénoises qui a tiré à boulets rouges, dans un communiqué, sur la marie, estime que cette décision traduit « une fracture entre le discours politisé et la réalité de la rue". "Réduire grossièrement des êtres humains à un public jugé agressif et faisant fuir des potentiels clients n'est pas une chose humaine", considère le même collectif qui a réclamé l’annulation pure et simple de l’arrêté.
Enfin, impliqué dans le mouvement de contestation de l’arrêté, la ligue des droits de l’Homme affirme, dans un communiqué du début du mois d’avril, que « les vrais problèmes de sécurité dans la ville ne sont pas liés à la mendicité ». L’organisation comptait déjà aller devant les tribunaux si cet arrêté venait à être mis en application.