La filière du vignoble est en pleine crise. La production mondiale du vin rouge est au plus bas depuis 1961. Les consommateurs semblent s’en détourner également. En effet, la consommation a régressé à son plus bas niveau depuis 1996. L’organisation internationale du vin aligne des chiffres qui présagent un avenir peur reluisant du secteur.
« Autres temps, autres mœurs », le proverbe semble aller avec la situation du vin qui représentait, jadis, toute une culture au sens propre et figuré. La bouteille couchée dans la cave, le ballon sniffé avant d’ingurgiter une gorgée durablement savourée ne semblent plus fasciner les générations actuelles. La consommation en recul, la production mondiale également, il parait que le vin a vraiment tourné…
Les chiffres du secteur mettent en avant une dégradation inquiétante de la filière, déjà impactée par le changement climatique. C’est ce qui ressort de l’état des lieux dressé par l’organisation internationale du vin (OIV). La production mondiale a régressé de 10 % en 2023, avec 237 millions d'hectolitres produits en une année, soit la plus faible vendange depuis 1961, a annoncé l’organisation dans un communiqué diffusé vendredi 26 avril.
Ce sont des conséquences directes de « conditions environnementales extrêmes », selon le directeur de l'OIV, John Barker, cité par franceinfo. Le dérèglement climatique sévit. Les vignobles sont sévèrement impactés par des sécheresses induites par des vagues de chaleurs inhabituelles, des incendies ou des pluies exceptionnelles, favorisant inondations et maladies.
La France reste leader d'un marché de vin en pleine tourmente
L’an dernier, l’Italie n’a produit que 38,3 millions d’hectolitres (-23 % qu’en 2022), soit sa plus mauvaise production depuis 1950. La production de l’Hexagone, avec 48 millions d’hectolitres, soit plus 4 % par rapport à l’année précédente, malgré une baisse de 15 % dans l’ancien Languedoc-Roussillon, précise le CIVL, maintient la France leader à l’international dans une production mondiale en crise. La chute est de 21 % en Espagne qui abrite le plus grand vignoble au monde, de 10 % en Afrique du Sud, de 11 % au Chili et de 26 % en Australie.
Chez les consommateurs, l’affection pour le vin a également reculé. La consommation a dévalé de 3 %. En 2023, 221 millions d'hectolitres ont été consommés, soit le plus bas niveau atteint depuis 1996. Une baisse attribuée aux prix élevés, dont sont à l’origine les coûts tout aussi élevés générés par les perturbations sur les chaînes d’approvisionnement à l’international, du fait de l’instabilité géopolitique et de l’inflation post Covid.
La consommation du vin s’est particulièrement dégradée en Chine. En 5 ans, elle a chuté de 60 % pour se limiter à 6,8 Mhl en 2023. Le désamour pour le vin est notamment affirmé chez les jeunes, fait remarquer le directeur général de l’OIV, John Barker.
Le volume total des échanges de vin à l’international a diminué de 6,3 %, à 99 Mhl, souligne l’OIV. En valeur financière, la baisse est de 4,7 %, soit 36 milliards d’euros. Le prix moyen du vin à l’export a atteint un niveau inédit, faisant appréhender aux producteurs des répercussions sur le marché, notamment chez les jeunes adultes plus enclins à la bière.