Une usine de production de paracétamol s’installera bientôt à Toulouse. Ce projet de relocalisation vise à renforcer la souveraineté sanitaire de la France, mais suscite des débats. Entre soutien de l’État et réticences des riverains, l’implantation divise.
La construction de l’usine Ipsophene à Toulouse marque une avancée majeure dans la stratégie de relocalisation des médicaments en France. Soutenu par l’État à hauteur de 3 millions d’euros, le projet s’inscrit dans le cadre du plan France 2030, destiné à renforcer l’indépendance sanitaire du pays. À terme, l’usine produira le principe actif du paracétamol, un médicament essentiel largement consommé en France.
Jean Boher, PDG d’Ipsophene, a souligné l’importance de cette installation : « Cela montre que le projet s’ancre dans la souveraineté sanitaire française », a-t-il déclaré. La production débutera en petite quantité dès fin 2025, une fois les travaux d’aménagement terminés.
Des inquiétudes liées au classement Seveso
Malgré les bénéfices économiques et sanitaires mis en avant, le projet d’usine suscite des craintes. La principale préoccupation concerne son classement Seveso, un label attribué aux sites industriels présentant des risques majeurs liés à la manipulation de substances dangereuses. L’usine sera située à moins de 800 mètres du site AZF, tristement célèbre pour son explosion en 2001.
Jérôme Favrel, président du comité de quartier Croix de Pierre/Route d’Espagne, s’inquiète de l'emplacement choisi : « Cette usine est un vrai risque technologique. Elle se situe à seulement 800 mètres du site de AZF et à moins de 4 km de la place du Capitole. Si elle est classée Seveso ce n’est pas pour rien, c’est qu’elle est dangereuse », a-t-il affirmé à Actu.fr. Les riverains redoutent notamment des rejets dans la Garonne et des émissions de gaz dans l’atmosphère.
Des garanties apportées par le porteur du projet
Face aux inquiétudes, le PDG d’Ipsophene se veut rassurant. Jean Boher explique que le classement Seveso est avant tout lié au stockage de matières premières et non au processus de production en lui-même. Il précise qu’en réduisant certains stocks de 30 %, l’usine pourrait perdre ce statut.
Le dirigeant met également en avant un processus écoresponsable avec très peu de rejets : « La majeure partie des rejets sera revalorisée ou recyclée », affirme-t-il. Selon lui, les études menées avec des cabinets spécialisés montrent que l’usine respecte les normes du plan de prévention des risques.
Avant le début de la production, une enquête publique sera réalisée par un commissaire nommé par le tribunal administratif de Toulouse. Cette étape vise à recueillir les avis des citoyens et à garantir la conformité du projet avec les réglementations environnementales.
Malgré les réticences locales, le PDG d’Ipsophene reste confiant : « L’usine se fera dans tous les cas », a-t-il affirmé. Il mise sur les bénéfices économiques et sanitaires du projet pour apaiser les tensions et convaincre les riverains du bien-fondé de l’installation.
Cette usine de production de paracétamol représente un enjeu majeur pour la France
Au-delà des débats locaux, cette usine représente un enjeu stratégique pour la souveraineté pharmaceutique de la France. La crise sanitaire de 2020 a révélé les vulnérabilités du pays face aux ruptures d’approvisionnement de certains médicaments essentiels. Avec la construction de cette usine, la France espère réduire sa dépendance aux importations, notamment en provenance d’Asie.
Le projet Ipsophene pourrait ainsi devenir un modèle pour d’autres relocalisations industrielles dans le secteur pharmaceutique. Toutefois, son succès dépendra de la capacité à rassurer les riverains et à garantir une exploitation sans risques environnementaux.
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