Uniformes de l’armée française : une production en partie délocalisée à Madagascar, la polémique enfle

Le marché des tenues militaires françaises a récemment été attribué à une entreprise qui sous-traite une partie de sa production à Madagascar. Cette décision suscite la controverse, notamment chez le fabricant français écarté du contrat. Alors que le ministère des Armées défend un choix stratégique et économique, d’autres dénoncent une délocalisation déguisée. Le dossier, qui a fait l’objet d’un recours judiciaire, met en lumière les tensions entre compétitivité et souveraineté industrielle.

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Le ministère des Armées a validé un contrat de fabrication d’uniformes avec une entreprise dont une partie de la production est réalisée à l’étranger. Cette décision entraîne la fermeture d’un site en France et relance le débat sur la délocalisation de l’industrie textile. 

L’appel d’offres lancé en février 2023 pour la fabrication des uniformes militaires français a été remporté par Paul Boyé Technologies, une entreprise spécialisée basée en Haute-Garonne. Ce choix a été contesté par Marck & Balsan, ancien détenteur du contrat, qui a saisi la justice pour tenter d’annuler cette attribution.

Le tribunal administratif de Versailles a toutefois validé la décision du ministère des Armées, mettant fin à la procédure. Le ministère justifie son choix en mettant en avant la qualité des équipements fournis et l’engagement de Paul Boyé Technologies à maintenir 90 % de la valeur ajoutée et une partie de la production en France.

Une délocalisation qui inquiète

Bien que l’entreprise Paul Boyé Technologies dispose d’une usine en Haute-Garonne, une partie de la fabrication des tenues sera réalisée à Madagascar. Ce choix suscite des critiques, notamment du côté de Marck & Balsan, dont le site de Calais va fermer à la suite de la perte du marché.

Son directeur général, Laurent Marck, dénonce une logique de délocalisation pour baisser les coûts, expliquant que son usine fabriquait les uniformes entièrement en France avant de perdre ce marché. Selon lui, la tendance est à la sous-traitance à l’étranger, ce qui met en danger les sites industriels français encore en activité.

Un contrat de fabrication d’uniformes cédé à la meilleure offre ?

Le différentiel de prix entre les deux offres a été un facteur clé dans la décision finale. Le groupe Paul Boyé a proposé un contrat d’un peu plus de 26 millions d’euros hors taxes, contre près de 70 millions pour Marck & Balsan. Pour Paul Boyé, ce choix économique est une nécessité dans un marché mondialisé.

« On est dans un espace mondial, il faut suivre (…) Si on voulait relocaliser, on aurait du mal à trouver les gens pour le faire », a déclaré Paul Boyé à l’AFP, rappelant que son entreprise emploie 300 personnes en France et un millier à Madagascar.

Une volonté de limiter la dépendance étrangère, selon le ministère des Armées

Pour atténuer la polémique, le ministère des Armées souligne que Marck & Balsan reste fournisseur pour d’autres équipements militaires et qu’un projet de recyclage des tenues est en cours de développement. Ce programme permettrait de sécuriser une partie de l’approvisionnement en matières premières en cas de crise.

Alors que le débat sur la souveraineté industrielle s’intensifie, cette décision illustre la difficulté de concilier compétitivité économique et préservation du savoir-faire français.

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