Sur la totalité de l'huile de cuisson usagée utilisée en Europe comme biocarburant, près de 60 % provient de Chine. Pour rééquilibrer le marché et protéger l'environnement, la Commission européenne a donc décidé d'imposer des droits de douane sur les importations de biodiesel chinois.
Le vendredi 19 juillet, la Commission européenne a annoncé qu'elle imposerait désormais des tarifs jusqu'à 36,4 % plus élevés sur les importations de biocarburant chinois. Avec une demande particulièrement forte dans le vieux continent, l'Europe s'est trouvée contrainte de se tourner vers l'Asie. Face à la compétitivité des biodiesels chinois, beaucoup moins chers, les producteurs européens ont rapidement dénoncé une concurrence déloyale. Cian Delaney, membre du collectif d’ONG Transport et Environnement, a également mis en avant cet aspect crucial.
En effet, bien que les huiles chinoises utilisées comme biocarburants soient supposées être plus écologiques (issues de huiles de cuisson usagées traitées), il est difficile de vérifier leur origine. Il existe de forts soupçons selon lesquels une partie significative pourrait provenir d'huile de palme vierge, non destinée à la cuisson, ce qui entraîne une déforestation massive en Indonésie et en Malaisie », explique Cian Delaney.
Avec cette nouvelle mesure contre le biodiesel chinois, la Commission européenne renforce sa lutte contre le dumping.
De plus, selon un rapport de Transport et Environnement, « les capacités de collecte d’huiles de cuisson usagée en Chine correspondent à peu près aux documents d’exportation officiels. Cependant, il est probable que le pays utilise d'importants volumes d'huiles de cuisson usagées à l'échelle nationale, ce qui suscite de fortes suspicions quant à l'utilisation d'huiles végétales vierges incorrectement étiquetées comme usagées », rapporte l'ONG. Afin de lutter contre la fraude et de soutenir les producteurs européens, la Commission européenne a donc décidé d'imposer des droits de douane provisoires sur le biodiesel chinois.
Pour Cian Delaney, cette initiative est louable, mais elle ne suffira pas à contrer les fraudes : « Les systèmes de certification reposent sur des déclarations volontaires basées sur les documents et la bonne foi des déclarants. Cela offre une opportunité majeure aux fraudeurs d'exploiter le système. De plus, il n'y a pas suffisamment de tests réalisés sur les produits ni d'intervention efficace des douanes ou des organismes de lutte contre la fraude », souligne le membre du collectif d’ONG Transport et Environnement.