La production de pain en Tunisie connaît une véritable crise, causée par les difficultés d'approvisionnement en farine et l'envolée des prix. Pour ne rien arranger, ce sont plus de 1 400 boulangeries qui ont annoncé une grève, depuis le 1ᵉʳ août. Les autorités ont pour défi de trouver des solutions urgentes à cette pénurie qui risque d'avoir des conséquences explosives.
La crise du pain s'aggrave
Pour rappel, en échange d'un prêt de 1,9 milliard de dollars, le Président tunisien Kaïs Saïed s'était engagé auprès du FMI à mener à des réformes, notamment en ce qui concerne la révision du système de compensation. Celui-ci concerne particulièrement les biens de première nécessité, notamment la farine. Le « pain à moindre prix » revêt une importance toute particulière en Tunisie, pays de 12 millions d'habitants et où 3,5 millions de baguettes de pain sont consommées quotidiennement.
Le sujet est sensible et les images de files interminables devant des boulangeries se sont multipliées dernièrement sur les réseaux sociaux. Des citoyens excédés n'ont d'autre choix que de patienter, parfois des heures durant sous un soleil de plomb, dans l'espoir de se procurer une baguette. Un phénomène aggravé par les grèves entamées, depuis le 1ᵉʳ août, par plus de 1 400 boulangeries à travers le pays.
Il faut savoir que la Tunisie se procure 95 % du blé nécessaire à sa consommation sur un marché mondial durement impacté par le contexte géopolitique actuel qui a entraîné une pénurie de céréales, puis une envolée des prix de la farine L'État est ainsi contraint de subventionner la production de pain dans le but d'éviter que ces hausses de prix ne se répercutent sur les consommateurs. Facturé à 190 millimes (soit 0,13 centime d’euros), le coût de production réel est de 600 millimes.
Une stratégie économique d'un demi-siècle qui ne répond plus aux besoins de la Tunisie
Ainsi, les économistes pointent le système de compensation mis en place par l'ancien Président Bourguiba, il y a plus d'un demi-siècle, pour attirer les investisseurs avec des coûts de production bas, tout en soutenant le pouvoir d'achat des Tunisiens. C'est de cette manière qu'ont été introduites les compensations sur l'électricité, l'huile, le sucre ou le blé. Une stratégie de plus de 50 ans qui ne répond plus aux besoins de l'économie tunisienne.
« L’idée était d’aider les ménages, mais, finalement, l’industrie et les commerçants en ont aussi largement profité. Il est normal que cela cesse, d’autant que l’État n’a pas les moyens ni d’entretenir cette caisse de compensation ni de contrôler à qui profite cette compensation au bout du compte », commente un économiste.