Les travailleurs frontaliers jouent un rôle clé dans l’économie suisse, notamment dans certaines régions frontalières. Une étude récente apporte des précisions sur leur profil, leurs revenus et les secteurs qui les emploient. Qui sont ces salariés et pourquoi choisissent-ils de franchir la frontière chaque jour ?
Les travailleurs transfrontaliers français se répartissent principalement dans trois départements. En Haute-Savoie, 20 % des actifs de moins de 65 ans exercent en Suisse. Dans le Doubs, ils représentent 15 % des salariés, tandis que dans le Haut-Rhin, la proportion atteint 14 %.
En 2023, l’Office fédéral de la statistique (OFS) a recensé 395 290 travailleurs frontaliers en Suisse, dont 57 % viennent de France. Parmi eux, 43 % résident en Haute-Savoie, 20 % dans le Doubs et 14 % dans le Haut-Rhin. Cette répartition s’explique par la proximité géographique mais aussi par les opportunités d’emploi, en particulier dans les cantons de Genève et de Vaud, où les entreprises suisses recrutent activement.
Un profil type de travailleur frontalier en Suisse
L’étude de l’Urssaf Franche-Comté, rapporté par Les Echos, dresse le portrait type du travailleur frontalier français. Il s’agit en majorité d’un homme âgé de 42 ans, résidant en Haute-Savoie et travaillant dans le canton de Genève. Son temps de trajet moyen est estimé à 32 kilomètres.
Sur l’ensemble des frontaliers, 59 % sont des hommes, avec un âge moyen de 42,7 ans, contre 42,3 ans pour les femmes. On observe également des écarts de revenus selon le genre, les hommes gagnant en moyenne 20,6 % de plus que les femmes.
Le revenu fiscal moyen des frontaliers s’élevait à 54 599 euros en 2022, marquant une hausse de 5 % par rapport à 2021. Toutefois, ces chiffres varient en fonction de l’âge, du département de résidence et du secteur d’activité.
Les travailleurs de moins de 65 ans perçoivent en moyenne un revenu 43 % supérieur à celui des retraités. Les écarts de salaires entre départements sont également significatifs. En Haute-Savoie, le revenu fiscal de référence moyen est de 60 419 euros, tandis que dans l’Ain, il atteint 61 661 euros, des montants bien supérieurs aux salaires français.
Les secteurs qui emploient le plus de frontaliers
Les travailleurs frontaliers exercent dans des secteurs variés, mais certains domaines se démarquent. L’industrie manufacturière est le principal employeur, représentant 20 % des travailleurs frontaliers. Ce chiffre grimpe à 45 % dans le Territoire de Belfort, une région particulièrement tournée vers l’industrie.
Dans les cantons de Genève et Vaud, les emplois sont plus diversifiés. Le commerce emploie 15 % des frontaliers, suivi des services administratifs (14 %) et des activités scientifiques et techniques (10 %). Ces différences s’expliquent par les spécialisations économiques de chaque région et les besoins des entreprises locales.
Pourquoi les Français choisissent-ils de travailler en Suisse ?
L’attractivité du marché suisse repose avant tout sur les salaires élevés, qui permettent aux frontaliers d’améliorer leur pouvoir d’achat. La stabilité économique de la Suisse et la forte demande de main-d’œuvre qualifiée expliquent aussi cet engouement.
Cependant, être frontalier implique aussi certaines contraintes. Le temps de trajet quotidien peut être long, en raison des bouchons fréquents aux postes-frontières. La fiscalité spécifique des travailleurs transfrontaliers et la hausse des prix de l’immobilier en Haute-Savoie et dans l’Ain compliquent également leur quotidien. Certains envisagent même de s’installer en Suisse pour éviter ces désagréments, bien que le coût de la vie y soit plus élevé.
Le marché du travail suisse continue d’attirer les jeunes actifs français, en particulier ceux qui recherchent des salaires plus attractifs et des perspectives d’évolution rapide. Avec une demande toujours forte dans les secteurs de l’industrie, du commerce et des services, les opportunités pour les frontaliers ne manquent pas.
Toutefois, la Suisse pourrait durcir ses conditions d’accueil des travailleurs étrangers si la pression sur l’immobilier et les infrastructures devient trop importante. Les débats sur une limitation du nombre de travailleurs frontaliers reviennent régulièrement dans les discussions politiques suisses, bien que les entreprises locales continuent d’avoir besoin de main-d’œuvre qualifiée.
L’étude de l’Urssaf apporte ainsi un éclairage précis sur le profil des travailleurs frontaliers français et confirme leur importance croissante dans l’économie suisse. Si la tendance se poursuit, les relations économiques entre la France et la Suisse devraient continuer à se renforcer dans les années à venir.