« Comment on va faire ? » : les restaurateurs face à la crise de régularisations des travailleurs étrangers

Face au durcissement des règles de régularisation des travailleurs immigrés annoncé par le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, les restaurateurs s’inquiètent. Dans un secteur déjà en tension, où 25 à 30 % des employés en Île-de-France sont étrangers, ces nouvelles mesures risquent d’aggraver la pénurie de main-d’œuvre. Des voix s’élèvent pour demander l’intégration des métiers de la restauration dans la liste des professions en tension et plaident pour une régularisation des travailleurs étrangers intégrés dans la vie économique.

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Des travailleurs étrangers œuvrant dans le secteur de la restauration
Travailleurs étrangers : la circulaire Retailleau inquiète tant les restaurateurs | Econostrum.info

La circulaire Retailleau, visant à durcir les conditions de régularisation des étrangers, suscite une vive opposition chez les restaurateurs. Considérant ces travailleurs comme indispensables à leur activité, les professionnels de l’hôtellerie-restauration appellent à une réforme urgente pour éviter une crise dans leur secteur.

Selon la nouvelle directive annoncée par Bruno Retailleau, les travailleurs immigrés devront désormais justifier de sept années de présence sur le territoire français, contre trois auparavant, pour être régularisés.

Une exigence jugée irréaliste par de nombreux restaurateurs. « Moi, j’en ai six qui vont être en cours de régularisation dans les deux ans et demi. J’en ai un en avril, je suis obligé de m’en séparer. Comment on va faire ? », déplore sur RMC Alain Fontaine, restaurateur à Paris depuis 50 ans.

Ces mesures interviennent dans un contexte où la restauration dépend fortement de ces travailleurs. En Île-de-France, ils représentent entre 25 et 30 % de la main-d’œuvre, selon Frank Delvau, président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih).

La régularisation des travailleurs étrangers est une nécessité économique et sociale

Pour les restaurateurs, ces travailleurs étrangers ne sont pas simplement des employés, mais des contributeurs essentiels à l’économie et à la société. « Ce sont des gens qui sont intégrés dans la vie économique de l’entreprise, dans la vie sociale de leur lieu d’habitation, qui cotisent », souligne Frank Delvau sur RMC.

Les difficultés de recrutement dans le secteur amplifient l’urgence de trouver une solution adaptée à la réalité du terrain. Cathy Mounié, gérante d’une brasserie, abonde dans ce sens : « Moi dans mon équipe, depuis bien longtemps, j’ai beaucoup de Sri-lankais en cuisine. De toute façon, c’est un peu les seules personnes qui veulent bien travailler. »

Des propositions pour répondre à la crise

Face à cette situation, l’Umih demande l’intégration des métiers de la restauration dans la liste des professions en tension. Une telle mesure permettrait une régularisation simplifiée des travailleurs étrangers, comme c’est déjà le cas dans d’autres secteurs.

L’organisation insiste également sur la nécessité d’un accompagnement pour sécuriser l’embauche des travailleurs, notamment face aux cas de faux papiers. « On demande la régularisation de ces personnes-là », déclare Frank Delvau, rappelant que le secteur s’efforce de respecter des règles strictes pour éviter l’emploi de sans-papiers.

Alors que la liste des métiers en tension doit être actualisée fin février, les restaurateurs espèrent que leurs demandes seront prises en compte. Pour eux, il en va non seulement de la survie de leur activité, mais aussi de la reconnaissance d’un secteur qui joue un rôle clé dans l’économie française.

En attendant, la circulaire Retailleau continue de susciter des débats, mettant en lumière les défis d’une politique migratoire conciliant fermeté et pragmatisme.

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