Le travail au noir et les fraudes pèsent sur la Sécurité sociale. En 2023, l'Union de recouvrement des cotisations de Sécurité sociale et d'allocations familiales (Urssaf) a opéré près de 1,2 milliard d'euros de redressements, soit 50 % de plus que l'année précédente. Un chiffre historique, mais qui ne soulage pas pour autant l’union, car jusque-là, seuls 80 millions ont été récupérés.
L'Urssaf a opéré un record historique en 2023 en matière de redressements pour travail au noir. Le montant global est évalué à plus d’un milliard d’euros. C’est pour la première fois que la barre du milliard est dépassée. Précisément, « les actions menées par les agents ont permis de redresser 1,177 milliard d’euros de cotisations dues à la Sécurité sociale, soit plus 50 % par rapport à 2022 et 400 millions de plus que l’objectif fixé », a déclaré l’actuel ministre des Comptes publics, Thomas Cazenave, mercredi 13 mars, lors de son déplacement à l’Urssaf de Lille.
Un montant à relativiser
Le gouvernement voit à travers cette réalisation le fruit d’une « offensive massive contre la fraude sociale », enclenchée en mai 2023. La totalité des redressements reste cependant à relativiser, d’autant plus qu’il inclut les sanctions, comme les majorations.
Aussi, elle représente un taux quasiment minime, si l’on se fie au chiffre global des fraudes aux cotisations sociales estimé entre 7,3 et 9,2 milliards d’euros par an par le Haut Conseil du financement de la protection, cité par La Croix. Thomas Cazenave ambitionne de faire mieux à l’avenir. « Notre objectif, d’ici à 2027, est d’arriver à en capturer 5 milliards », appuie-t-il.
Le bâtiment, le secteur le plus touché par le travail au noir
Dans le détail des employeurs ciblés (9 sur 10 des redressements concernent des employeurs), le secteur du bâtiment reste celui qui en compte le plus. « Le secteur du BTP comptabilise à lui seul 716 millions d'euros de redressements, soit plus de 61% du total redressé », rapporte France info.
En seconde position, on retrouve les « services aux entreprises, comme le gardiennage ou le travail temporaire », qui ont fait l’objet d’un redressement d’un montant « de 270 millions d'euros », puis le commerce, avec 50 millions.
Grand écart entre les redressements et les sommes recouvertes
Si l’Urssaf peut se vanter d’avoir réalisé une prouesse, cette dernière reste sur un goût d’inachevé, puisque ce n’est pas la totalité des redressements qui sont recouverts. Pour 2023, sur le milliard de redressements opéré, seuls 80 millions ont été récupérés.
« Lorsqu'il y a un redressement, cela signifie qu'on crée une créance exigée de l'auteur de la fraude mais pas que l'argent entre dans la caisse », indique l'Urssaf. Il convient de noter que pour élargir le champ d’action de l’Union, le gouvernement prévoit son renforcement avec 240 nouveaux postes d’ici à 2027. En matière de législation, deux décrets portant sur le renforcement du dispositif de recouvrement sont prévus pour mai prochain.