Le travail au noir est un fléau qui coûte très cher à la France. Selon l’observatoire du HCFIPS, le manque à gagner pour les finances publiques est colossal. Certains secteurs sont plus impactés que d'autres.
Femme de ménage payée en liquide, autoentrepreneur « oubliant » de déclarer une partie de son chiffre d’affaires ou salariés non déclarés sur des chantiers ou dans des restaurants, toutes ces pratiques très répondues en France impactent considérablement les finances publiques. Même si le manque à gagner reste difficile à chiffrer, il est estimé à plus de 10 milliards d'euros, selon l’observatoire du travail dissimulé présenté mardi matin par le Haut Conseil du financement de la protection sociale (HCFIPS).
L’Urssaf distingue deux types de fraude : le premier concerne le travail dissimulé qui cause un manque à gagner qui se situe entre 6,2 à 7,8 milliards d’euros en 2022, le deuxième concerne les « erreurs » et les « oublis » sur l’assiette comptable qui représentent entre 1,8 à 2,3 milliards d’euros de cotisations éludées. « Et encore, ces chiffres sont obtenus sur la base de contrôles des entreprises connues, ils ne tiennent pas compte par exemple de l’économie souterraine liée au trafic de drogue », indique Dominique Libault.
Les secteurs où les taux de travail dissimulé sont les plus élevés
La construction et l’hôtellerie-restauration sont les deux secteurs où les taux de travail dissimulé sont les plus élevés. « Plus de 50 % des redressements sont réalisés dans le secteur du BTP », indique Emmanuel Dellacherie, directeur adjoint à l’Acoss (la caisse nationale des Urssaf), demandant aux « donneurs d’ordre privés ou publics à la plus grande vigilance dans le choix de leurs prestataires pour qu’ils soient à jour de leurs obligations vis-à-vis de l’Urssaf ». Concernant le commerce, le secteur se situe dans la moyenne. Pour l’industrie et les autres services, les taux de travail dissimulé sont encore plus faibles. Du côté du secteur agricole, une première évaluation montre des manques à gagner assez conséquents, avec un taux de fraude estimé à 345,7 millions d’euros des cotisations et contributions et 200 millions sur le contrôle comptable d’assiette.
Mais ce sont les microentrepreneurs intervenants sur des plateformes collaboratives qui détiennent les taux de fraude les plus importants. Selon l’observatoire du HCFIPS, leur taux de cotisations non déclarées est de 42 % (soit 174 millions d’euros), un taux qui atteint les 62 % pour les VTC et les 70 % pour les plateformes de livraisons. L’Île-de-France et le sud (l’ancienne région Languedoc-Roussillon, Paca, la Corse) sont les régions qui affichent des taux de fraude nettement supérieurs à la moyenne du pays.