Transparence sur les salaires : ce qui va changer dans votre entreprise en 2026

D’ici juin 2026, les salariés pourront connaître le salaire de leurs collègues.

Publié le
Lecture : 2 min
salaire
Transparence sur les salaires : ce qui va changer dans votre entreprise en 2026 - Crédit : LP/Arnaud Journois | Econostrum.info

Dès juin 2026, la transparence sur les salaires ne sera plus une option mais une obligation pour les employeurs français. En vertu d’une directive européenne adoptée le 10 mai 2023, la France devra transposer dans son droit national une nouvelle règle imposant aux entreprises d’informer les candidats et les salariés sur les rémunérations. L’objectif est de réduire les inégalités salariales, notamment entre les femmes et les hommes.

Cette directive, présentée comme une avancée sociale majeure, prévoit que chaque employé puisse connaître le salaire moyen des postes comparables au sien. Elle s’appliquera dès le processus de recrutement : l’employeur devra indiquer la rémunération du poste dès l’entretien d’embauche. En interne, il devra aussi communiquer régulièrement sur les salaires.

Une révolution culturelle pour les entreprises françaises

En France, un dispositif existe déjà depuis 2019 : l’index d’égalité professionnelle, dit « index Pénicaud ». Il oblige les sociétés d’au moins 50 salariés à mesurer et corriger les écarts de rémunération. Mais ce système est jugé insuffisant. Le Haut Conseil à l’Égalité, cité par France Info, a reconnu en mars 2024 qu’il « ne remplissait pas toutes ses promesses ». Peu d’entreprises le respectent réellement, et les sanctions sont rares.

La directive européenne va donc beaucoup plus loin. Elle entend transformer la culture salariale des entreprises, où parler de son salaire reste souvent tabou. Dans certaines régions, comme le Centre-Val de Loire, où les difficultés de recrutement sont fréquentes, la mesure pourrait même devenir un atout d’attractivité, rapporte France Info.

Des entreprises pionnières, comme Clinitex dans le Nord, ont déjà franchi le pas. Depuis 2015, cette société de nettoyage publie sur son intranet la rémunération de tous ses employés, de façon nominative. Résultat : davantage de confiance et une meilleure cohésion interne.

Un outil pour réduire les inégalités femmes-hommes

Selon l’Insee, les femmes gagnent encore en moyenne 15 % de moins que les hommes dans le secteur privé. En rendant les rémunérations visibles, la directive pourrait donner aux salariées un levier pour dénoncer d’éventuelles discriminations. La Cour de cassation a déjà reconnu en 2023 un « droit à la preuve », permettant aux femmes de réclamer les fiches de paie de leurs collègues masculins à poste équivalent. Avec la nouvelle loi, cette démarche deviendrait inutile, puisque les écarts seraient visibles d’emblée.

Mais certains experts redoutent des effets pervers. Des économistes ont observé qu’une trop grande transparence pouvait, dans certains pays, provoquer un gel des augmentations par peur de jalousies internes. D’autres, comme le syndicaliste Éric Gondy (FO), relativisent : « Quand on n’a rien à se reprocher, on n’a rien à cacher. Si parler salaire est tabou, c’est qu’il y a un problème ».

Des sanctions à prévoir

En cas de non-respect, la directive impose des sanctions financières proportionnelles à la gravité du manquement. Mais syndicats et observateurs s’interrogent déjà : la France appliquera-t-elle ces sanctions avec rigueur ? Réponse en 2026, quand la transparence deviendra la nouvelle norme dans les entreprises.

Laisser un commentaire

Partages