Les tickets-restaurant, s’ils continuent à soulager un tant soit peu les salariés français sévèrement touchés par la dégradation du pouvoir d’achat, continuent d’amplifier la colère des restaurateurs avec l’adoption de la loi portant prolongation de la dérogation de leur utilisation au titre de bons d’achat alimentaires en 2024.
Petit rappel : les tickets-restaurant étaient à l’origine destinés à financer les repas des salariés au travail. Le titre est pris en charge par l’employeur à hauteur de 40% à 60%. En 2022, face à la détérioration du pouvoir d’achat, une dérogation entérinée par le gouvernement permet à quelque 5,4 millions de salariés d’utiliser leurs tickets comme bons d’achats de produits alimentaires, y compris dans les grandes surfaces, à hauteur de 25 euros par jour. La mesure devait s’arrêter à fin initialement 2023.
Mais voilà que le contexte économique ne s’étant pas vraiment amélioré, le gouvernement a vite fait de soumettre un texte à l’assemblée pour prolonger la mesure à 2024, malgré la colère des restaurateurs qui y voient là un détournement durable de près de 200 millions d’euros. La loi déjà adoptée par le parlement a été entérinée lundi 18 décembre 2023 par le Sénat à la majorité écrasante (322 voix contre 2). Ainsi, les salariés pourront donc continuer à profiter de leurs tickets-restaurant pour faire leurs courses alimentaires à hauteur de 25 euros par jour durant l’année 2024.
Les tickets-restaurant en papier de 2023 ne seront plus valables dès le 31 janvier
Mais une échéance est tout de même fixée pour les tickets en papier datés de 2023 qui ne seront plus valides à partir du 31 janvier. Au-delà, seuls les tickets dématérialisés, soit sur carte ou en version digitale, seront acceptés et encore seulement pour un mois supplémentaire, soit jusqu’à fin février. Passée cette date, il faudra, pour les bénéficiaires, songer à les reporter sur leurs comptes de 2024 pour en préserver la valeur.
Cette incitation à passer au numérique est, en fait, mise en place dans le but d’asseoir progressivement un nouveau mode de gestion du dispositif qui devrait se passer définitivement de la version papier des tickets dès mars 2026. Le passage au numérique devrait déjà garantir une meilleure gestion du produit et permettre d’en réduire les coûts. Il serait également question de la création de plusieurs cartes de tickets-restaurant. Mais la réflexion autour du ticket-restaurant ne s’arrêtera vraisemblablement pas à ce stade. Car il faudra bien contenter également la colère grandissante des restaurateurs qui ne cessent de se plaindre d’un substantiel manque à gagner.
Changements en vue dans le dispositif
C’est dans cette optique qu’une idée de moduler le plafond de dépenses journalières à travers ce titre est engagée. L’on s’acheminerait très probablement vers un plafond de dépenses plus réduit quand il s’agira d’utiliser le titre par exemple dans les grandes surfaces. C’est là une mesure qui apaisera possiblement l’exacerbation du secteur de la restauration qui déplore une diminution de 3% de ses parts de marché ticket-restaurant au moment où la grande surface en aurait engrangé 6%.
Face à une telle évolution, l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH), par la voix de son président Thierry Marx, a plaidé pour la conception d’un « titre alimentaire ou un chèque alimentaire pour lutter contre l’inflation et aider les plus défavorisés ». En guise de réplique, Olivia Grégoire, la ministre déléguée chargée du dossier, promet de « dépoussiérer » le dispositif.