Depuis plusieurs semaines, les rebelles Houthis multiplient les attaques sur les navires commerciaux et militaires qui traversent la mer Rouge. Les répercussions économiques, encore limitées jusque-là, pourraient devenir plus importantes si la crise dure plus longtemps.
Au total, c'est près de 12 % du commerce maritime international qui passe par le détroit de Bab al-Mandeb, qui contrôle l’accès au sud de la mer Rouge. Selon les experts, le nombre de conteneurs a chuté de 70 % depuis la mi-novembre. Face à cette situation, plusieurs entreprises prévoient des retards, telles que le géant Suédois IKEA. « La situation dans le canal de Suez va occasionner des retards », indique l’entreprise dans un courriel adressé à l’AFP. Le secteur automobile est également concerné par ces retards. Tesla a ainsi indiqué que sa production serait suspendue pendant deux semaines dans son usine européenne, entre le 29 janvier et le 11 février.
Il en va de même pour le constructeur Volvo qui est aussi contraint de fermer son usine à Gand, en Belgique, pour une durée de trois jours, faute de boîtes de vitesses, dont la livraison a pris du retard à cause de « réajustements dans les voies maritimes ». « Les entreprises de biens d’équipement ou d’électronique pourraient rencontrer des retards. Pour celles qui travaillent en flux tendu avec très peu de stocks, cela peut s’avérer problématique », explique Ano Kuhanathan, économiste expert d’Allianz Trade à l’AFP. Mardi, lors du Forum économique mondial à Davos, le Premier ministre du Qatar, Mohammed ben Abdulrahmane Al-Thani a indiqué que le transport du gaz naturel liquéfié (GNL) « sera affecté » par les tensions en mer Rouge.
La situation en mer Rouge est à surveiller de près
Face à cette crise en mer Rouge, les navires commerciaux sont donc dans l'obligation de contourner l'Afrique. Cependant, cette mesure se ressent sur les coûts du transport maritime. Le surcoût en termes de carburant est estimé à plus 20 %, selon la plateforme de logistique Container xChange. Cette même source prévoit une hausse des coûts du transport maritime de 60 %, avec une surprime de l’ordre de 20 % pour les assurances des armateurs.
De son côté, le commissaire européen à l’Économie, Paolo Gentiloni, avait indiqué que « ce qui se passe en mer Rouge semble, pour l’instant, ne pas avoir de conséquences sur les prix de l’énergie et l’inflation. Mais nous pensons qu’il faut surveiller cela de très près, car ces conséquences pourraient se matérialiser dans les semaines à venir ». Pour sa part, Ano Kuhanathan, d’Allianz Trade, a tenu à rappeler que « le trafic n’est pas totalement interrompu », mais que « le risque inflationniste peut être important ».