La taxe Zucman entre dans une phase cruciale de son parcours parlementaire. Après son adoption à l’Assemblée nationale, elle est désormais soumise à l’examen du Sénat, où son avenir reste incertain. Cette proposition emblématique ravive les tensions autour de la fiscalité des grandes fortunes et soulève des enjeux politiques majeurs.
Malgré son adoption en première lecture, la taxe Zucman se heurte à un accueil nettement moins favorable au Sénat. La chambre haute, à majorité droite et centre, a déjà rejeté le texte en commission, estimant qu’il s’agit d’une mesure symbolique aux effets incertains. Si le rejet est confirmé lors du vote en séance, il marquerait un coup d’arrêt significatif à cette initiative, bien qu’elle pourrait être relancée ultérieurement par d’autres voies législatives.
Un impôt ciblant les très grandes fortunes
La taxe porte le nom de Gabriel Zucman, économiste reconnu et directeur de l’Observatoire européen de la fiscalité, qui en est l’un des promoteurs. Elle concernerait environ 1 800 foyers fiscaux, représentant les patrimoines les plus élevés du pays. L’objectif est d’éviter que certaines grandes fortunes, via des mécanismes d’optimisation fiscale, ne parviennent à échapper à toute contribution effective. Selon les estimations de Zucman, une telle mesure pourrait rapporter jusqu’à 20 milliards d’euros par an à l’État.
Depuis son adoption à l’Assemblée nationale, le texte a suscité un écho important. Une cinquantaine de maires ont d’ailleurs signé une tribune pour soutenir la mesure, et des ONG comme Attac, Oxfam et 350.org ont même organisé un rassemblement devant le Sénat pour encourager son adoption. Ce soutien illustre un climat politique marqué par les débats sur la justice fiscale, alors que les inégalités patrimoniales continuent de se creuser.
Une dimension internationale pour la taxe Zucman
La proposition s’inscrit également dans un cadre plus large. Gabriel Zucman défend l’idée d’un impôt mondial minimum sur les grandes fortunes, présenté lors du dernier G20. La France, en adoptant cette taxe, deviendrait l’un des premiers pays à franchir le pas. Cette dynamique viserait à lutter contre l’évasion fiscale à l’échelle internationale et à poser un principe de responsabilité économique des plus fortunés, dans un contexte de remise en question des modèles fiscaux traditionnels.
Au-delà de l’issue du vote, la taxe Zucman incarne une évolution notable du débat fiscal en France, révélant une pression politique croissante pour une contribution renforcée des grandes fortunes. Son passage au Sénat cristallise des tensions profondes sur l’équilibre entre justice sociale, compétitivité économique et solidarité nationale.








