Les conducteurs de voitures électriques pourraient bientôt être concernés par une nouvelle taxe. Avec la baisse progressive des recettes issues des carburants et l’augmentation rapide des ventes de modèles électriques, l’idée d’une contribution spécifique gagne du terrain. Plusieurs pays ont déjà adopté une taxe au kilomètre ou à la recharge, et Bercy étudie désormais des pistes similaires.
Depuis plusieurs jours, l’hypothèse d’une taxe sur l’usage des voitures électriques circule. À l’origine, une réalité simple : la consommation de carburants baisse, et avec elle la TICPE, qui rapporte chaque année entre 15 et 16 milliards d’euros, soit environ 4 % des recettes de l’État. Or, les ventes de voitures électriques explosent. En novembre, elles ont atteint 26 % du marché français. Depuis le début de l’année, une immatriculation sur cinq concerne un modèle à batterie, notamment grâce au leasing social. Résultat : le manque à gagner devient structurel et Bercy doit compenser.
Plusieurs scénarios sont évoqués. Le premier ressemble à ce qui a été adopté au Royaume-Uni, à savoir une taxe au kilomètre. Outre-Manche, à partir de 2028, les automobilistes paieront environ 3 pence par mile, soit 3,5 centimes d’euro par kilomètre. L’équivalent islandais et néo-zélandais existe déjà, preuve que plusieurs pays testent ce modèle. L’objectif est double : financer l’entretien routier et remplacer les recettes perdues du carburant. Ce système nécessite cependant un dispositif de suivi embarqué pour contrôler le kilométrage, un « mouchard » comparable à ceux installés sur les poids lourds.
En France, l’économiste François Lenglet estime « vraisemblable » qu’une nouvelle contribution spécifique voie le jour. Son argument est arithmétique : plus de la moitié des taxes sur les carburants reviennent à l’État, et ces recettes baissent déjà d’environ 3 % en deux ans. Pour lui, la logique fiscale française a toujours été de taxer les nouvelles pratiques dès qu’elles se généralisent, comme ce fut le cas avec le carburant en 1928.
Un autre scénario, jugé plus probable par plusieurs experts, serait de taxer non pas les kilomètres, mais l’électricité consommée pour recharger les batteries. Techniquement, l’outil existe déjà : le compteur Linky est capable d’identifier la recharge d’un véhicule électrique, qu’elle passe par une simple prise renforcée ou une borne de puissance.
Une taxe au kWh serait ainsi simple à collecter, que ce soit à domicile ou sur une borne publique. Les opérateurs pourraient la reverser directement à l’État. Cette approche éviterait les fraudes mais pénaliserait davantage les automobilistes contraints de se recharger exclusivement sur la voie publique, où les tarifs sont déjà plus élevés.
Une taxe pour les véhicules électriques les plus lourds dès l’été 2026
La France prépare d’ailleurs déjà une fiscalité dédiée. À partir de l’été prochain, une taxe s’appliquera aux véhicules électriques les plus lourds, au-delà de 2,1 tonnes. Une façon, pour certains observateurs, d’annoncer progressivement un virage fiscal plus large.
Reste la grande inconnue : l’impact sur la demande. Alors que l’Union européenne prévoit la fin des ventes thermiques en 2035, un durcissement de la fiscalité pourrait freiner la dynamique du marché électrique. Les bonus existent encore, mais jusqu’à quand ? Et surtout, la taxation pourra être ajustée « à tout moment », ce qui laisse planer un doute sur le coût réel d’usage dans les années à venir.
En somme, l’idée de taxer l’électrique n’est plus une simple rumeur : c’est désormais un scénario étudié, argumenté, et déjà appliqué à l’étranger. Reste à savoir quand et comment la France choisira de franchir le pas.








