Philip Lane, économiste en chef de la Banque centrale européenne (BCE), confirme que tout est prêt pour abaisser les taux d’intérêt dès le mois prochain. Cependant, il estime que la politique de la BCE doit rester restrictive tout au long de l’année.
Alors que la banque centrale américaine a décidé de maintenir ses taux d’intérêt entre 5,25 % et 5,5 %, soit les plus hauts depuis vingt ans, la Banque centrale européenne (BCE) se prépare à enclencher un premier assouplissement lors de la réunion du début juin. La tendance européenne est confirmée une nouvelle fois par Philip Lane. « Sauf surprise majeure, à l'heure actuelle, les éléments dont nous disposons nous permettent de lever le niveau de restriction le plus élevé », a déclaré l'économiste au Financial Times. Il estime toutefois que la BCE doit continuer à « être restricti(ve) tout au long de l'année ». « Mais, ajoute-t-il, au sein de la zone de restriction, nous pouvons assouplir quelque peu ».
Philip Lane recommande d'être patient et attendre de « voir plus de progrès (sur l'inflation) avant de passer d'une phase restrictive à une réflexion sur la normalisation » de la politique monétaire. Pour l'expert, il est important de s'assurer que l'inflation continue son ralentissement pour descendre plus bas que l'objectif de la banque. En attendant, les responsables politiques de la BCE doivent maintenir les taux en territoire restrictif cette année. Évoquant la question des salaires, l'économiste considère que leur accélération, durant les trois premiers mois de l'année, a été bien anticipée et une décélération se met en place. Cependant, cela « ne signifie pas nécessairement qu'ils redeviendront immédiatement stables », a déclaré Philip Lane.
L'inflation n'est pas encore vaincue, selon Philip Lane
Face à un ajustement très progressif en cours, il ne prévoit une décélération franche que l'année prochaine « visiblement ». Ce n'est qu'à ce moment-là que « les responsables politiques pourront alors débattre de la normalisation de leur politique », prévoit-il. Est-ce à dire que la BCE étudierait d'ores et déjà d'autres baisses de ses taux après cette première qui devrait être prononcée officiellement lors de la réunion de 6 juin ?
« Le rythme ultérieur des réductions de taux sera plus lent en cas de surprise à la hausse de l'inflation sous-jacente et du niveau de la demande », a rétorqué Philip Lane lors d'une conférence à Dublin, devant l'Institute of International and European Affairs. À l'inverse, il prévoit un rythme plus rapide en cas de surprise à la baisse de l'inflation. La BCE reste, pendant ce temps, très à l'écoute de l'évolution des indices. Pour l'économiste, « la discussion sur une baisse des taux la semaine prochaine n'est pas une déclaration de victoire », nuance-t-il. Pour lui, la BCE est certes prête à « supprimer le niveau le plus élevé de restriction », mais il est encore trop tôt pour dire que l'inflation est vaincue.