Alors que la Réserve fédérale américaine (Fed) a décidé de maintenir ses taux d’intérêt élevés, la Banque centrale européenne (BCE) pourra commencer à baisser ses taux en juin, estime le gouverneur de la Banque de Finlande, Olli Rehn.
La Banque centrale européenne (BCE) a laissé entrevoir, en mars dernier, les signes d'un amorçage de ses taux d’intérêt à partir de juin 2024. L’intention a été de nouveau réaffirmée lors de la réunion du 11 avril, en dépit de l’évolution de l’inflation aux États-Unis.
« Il a été considéré comme plausible que le Conseil des gouverneurs soit en mesure de commencer à assouplir (NDLR : ses taux) lors de la réunion de juin », mentionnait le rapport de réunion de la BCE. La veille, de l’autre côté de l’Atlantique, la Fed découvrait le chiffre inquiétant de l’inflation, arrêtée à 3,5% sur un an en mars. Ce qui n’est pas pour encourager la réserve fédérale à maintenir la projection d’une probable baisse de ses taux directeurs en juin. Voilà une donne qui risque de compliquer la tâche à BCE, mais pas au point de tout remettre en question.
« Ce que fera la Fed ne sera pas déterminant »
« Même si nous n'élaborons pas de politique (monétaire, NDLR) en vase clos, la BCE n'est pas le 13ᵉ district fédéral de la Réserve fédérale américaine », tranche, pour la BCE, le gouverneur finlandais dans un entretien à l'AFP. Habituellement, c'est pourtant la Fed qui a souvent donné le ton. Mais pas cette fois, avec la persistance de la tension sur les prix. La situation s'est, par contre, sensiblement améliorée dans la zone euro, avec une inflation « à la baisse », et une « croissance quelque peu modérée des salaires ». « De solides arguments en faveur d'une réduction des taux en juin », anticipe le gouverneur Olli Rehn.
« Au-delà, voyons si la tendance continue », se réserve-t-il par rapport à l'éventualité d'une nouvelle baisse qui suivrait dès juillet. « Nous ne nous engageons pas à l'avance sur une quelconque trajectoire de taux », s'aligne ainsi Olli Rehn sur les appréciations de la présidente Christine Lagarde.
Le Finlandais préfère s'en tenir, pour le moment, à cette première baisse qui se dessine pour juin prochain. « Ce que fera la Fed ne sera pas déterminant », affirme-t-il. Pour lui, « il ne faut pas accorder trop d'attention aux éventuels petits écarts de la politique monétaire (entre l'UE et les États-Unis, NDLR) », au moment où d'autres brandissent l'éventail d'une dépréciation de l'euro à laquelle pourrait conduire un éventuel décalage.
Olli Rehn trouve, cependant, très préoccupant le décalage en matière de croissance entre les deux continents. Pour y remédier, il préconise de revoir l'investissement productif en Europe pour accélérer la productivité, en retard par rapport à celle des Américains. Et cela passerait indispensablement par la mise en place d'une « union du financement et de l'investissement », capable de mobiliser l'argent privé. Une idée qui semble bien en phase avec les propositions de la commission Noyer, portées en France pour l'Europe.