L'année prochaine, les Français seront confrontés à une nouvelle contrainte financière, avec une augmentation significative des dépenses de santé. Les mutuelles envisagent, en effet, une hausse moyenne de 8,1% sur leurs cotisations, obligeant les citoyens à puiser davantage dans leurs budgets.
Les mutuelles de santé de France prévoient des hausses conséquentes de 8% à 12,5% sur leurs cotisations à partir de 2024, avec une valeur moyenne arrêtée à 8,1%. C’est ce qui ressort d’une enquête de la Mutualité française, qui a porté sur quelque 38 mutuelles, publiée ce mardi. Répartie par nature du contrat, la hausse moyenne pour les contrats individuels sera de 7,3%, tandis que les contrats collectifs obligatoires souscrits par les entreprises au profit de leurs salariés devraient subir une augmentation de 9,9%.
Les chiffres étaient déjà appréhendés bien avant leur sortie chez les assurés, comme chez le gouvernement qui redoute, à travers cette réévaluation inédite, un nouveau coup dur sur le pouvoir d’achat des ménages. Vendredi 15 décembre, le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, rappelait encore sa désapprobation sur l’étendue des augmentations déjà pressenties depuis plusieurs semaines. C’était alors qu’il rencontrait les mutuelles et les assureurs, et les institutions de prévoyance.
Dimanche 17 décembre, Aurélien Rousseau est revenu à la charge sur France 3 pour dire le « non-sens » d’une telle augmentation, lui qui espérait une réévaluation plus logique autour des 4%. « Une augmentation de 4 à 5 % serait logique, 8 %, ça n’a pas de sens, 10 % encore moins », avait-il averti, même si le gouvernement ne peut encadrer ces tarifs.
Les dépenses de santé augmentent de 6%
Mais voilà que les complémentaires tranchent pour une augmentation moyenne de 8,1%, faisant fi des réserves mises en avant a priori par la tutelle dans le but d’épargner du mieux que possible, d’impacter davantage le pouvoir d’achat. C’est une hausse « inévitable », se défendent, de leur côté, les assureurs qui expliquent logiquement que face aux augmentations des coûts, générés notamment par l’inflation, il fallait réévaluer les prix de vente des produits pour restaurer un certain équilibre commercial.
Les assureurs évoquent également une autre motivation qui a contraint cette hausse, à savoir « les dépenses de santé (qui) ont été extrêmement dynamiques en 2023. La hausse a été de 6% alors qu’on s’attendait plutôt à plus 3 ou plus 4% », explique Eric Chenuf, président de la Mutualité française. La revalorisation des salaires des personnels soignants, l’augmentation des prix des soins, accompagnée d’une consommation de soins toute aussi en hausse conséquente avec l’épidémie du Covid-19, et la diminution des remboursements des soins dentaires, ont visiblement hissé les dépenses de santé plus que prévu.
Au total, les complémentaires chiffrent à 1,5 milliard d’euros de dépenses supplémentaires à compenser en 2024. Ce qui rendait la hausse des cotisations inévitable, explique la Mutualité. Pour éviter ces fortes hausses, Eric Chenut propose de « revoir le panier de soins de référence », qu’il trouve pour l’heure très coûteux. Il suggère de lui apporter une certaine modularité supplémentaire de telle sorte à « permettre aux gens de se couvrir au niveau qui leur est nécessaire ».