Le président de la Confédération des buralistes, Philippe Coy, se dit « satisfait » du nouveau dispositif français portant sur le contrôle du tabac importé des autres pays de l’Union européenne. Toutefois, il trouve que la clé pour mettre un terme au trafic est entre les mains de la Commission européenne.
Depuis le 29 mars, la France s’est alignée sur la réglementation européenne qui n’interdit pas l’importation des cigarettes au-dessous du seuil de quatre cartouches. Le gouvernement qui pouvait bien adopter cette limitation européenne a préféré une autre option, à savoir mettre en place d’autres mécanismes qui permettent aux services des douanes de déterminer l’usage auquel le tabac est destiné pour sanctionner, bien que le nouveau décret ne fasse désormais aucune référence à la quantité.
Réagissant à l’entrée en vigueur de cette nouvelle loi française, le président de la Confédération des buralistes, Philippe Coy, semble bien l’accueillir. « Contrairement à ce qu’on pourrait penser, ce n’est pas “open-bar”. Là où je suis satisfait, c’est que la France s’est dotée de nouveaux moyens pour contrôler et sanctionner », a-t-il commenté dans une interview accordée à Libération.
Il a même salué cette avancée, du fait que « le précédent décret était assez binaire et quantitatif, alors que le nouveau fait référence à la destination et à la commercialité des marchandises. Les douanes ont désormais douze éléments qui leur permettent de déterminer si le transport du tabac se fait à des fins personnelles ou commerciales ».
La lutte contre le marché noir du tabac doit être européenne
Philippe Coy estime toutefois que cela ne pourrait pas suffire pour mettre un terme au trafic. « Malheureusement, l’existence du marché parallèle est plus que réelle. Une cigarette sur trois sur le marché français n’est pas achetée dans le réseau des buralistes. Et beaucoup de gens ont déjà enfreint les règles », fait-il remarquer. Selon lui, « le premier sujet est le prix du tabac en France, le plus élevé de l’Union européenne. C’est pour cela que je demande très fortement un moratoire sur la fiscalité », plaide-t-il.
Tout compte fait, il considère que « la France a fait le mauvais choix de la pression fiscale, mais s’il n’y avait pas ces écarts sur les marchés européens, si les prix étaient les mêmes partout, il n’y aurait pas de marché parallèle ». On ne « pourra pas faire baisser le prix du tabac en France. Par contre, il faut veiller à ce que les voisins européens rehaussent leurs prix, comme la Belgique vient de le faire. Cela rééquilibrerait le marché et l’on pourrait atteindre les objectifs de santé publique », préconise le président de la Confédération.
Entre-temps, il ne désespère pas dans un premier temps « de convaincre la Commission européenne de ramener le seuil d’importation à 200 unités, soit une cartouche pour tous les pays membres. C’est un sujet que nous avons déjà abordé avec plusieurs pays européens et je crois qu’il y a un consensus », affirme-t-il.
Philippe Coy se veut optimiste sur sa démarche, d’autant plus que les données actuelles présentent un « paradoxe puissant » en ce sens, où « c’est cette même Europe qui édicte des normes et des réglementations » qui « nous répond que le tabac n’est pas nocif quand il est transporté, mais quand il est consommé. Je me demande de qui on se moque », s’exclame-t-il. En attendant d’arriver aux changements souhaités, les buralistes français se disent rester « attentifs à la mise en œuvre de contrôles réguliers », en France.