Tabac : les ventes en ligne au noir explosent face aux augmentations successives

La vente de cigarettes sur Internet explose, dépassant largement les circuits légaux traditionnels. Avec une croissance de 116 % en un an, les réseaux sociaux sont devenus des marchés noirs du tabac, échappant au contrôle des buralistes et des autorités. Malgré les efforts de régulation, ce commerce parallèle prospère, attirant de plus en plus de consommateurs à la recherche de prix cassés. Face à ce phénomène, les acteurs du secteur s’inquiètent et dénoncent un manque de modération des plateformes en ligne.

Publié le
Lecture : 3 min
Un paquet de cigarettes ouvert tenu par une main, révélant plusieurs bâtonnets de tabac prêts à être consommés. L’image illustre la consommation de tabac et pourrait évoquer la vente de cigarettes ou les problèmes liés au tabagisme.
Tabac : l’explosion du marché noir en ligne menace buralistes et État | Econostrum.info

Internet est devenu un acteur majeur dans la vente illégale de tabac en France. Alors que le marché légal décline, les transactions en ligne explosent, profitant de l’absence de contrôle strict sur les réseaux sociaux. Ce phénomène inquiète à la fois les buralistes et les autorités fiscales, qui peinent à enrayer ce trafic.

La vente de cigarettes sur Internet connaît une croissance fulgurante. Une étude menée par la start-up Webdrone, spécialisée dans la lutte contre la contrefaçon, révèle que le nombre d’annonces de vente de tabac en ligne a bondi de 14 634 à 31 604 entre 2023 et 2024. Cette augmentation de 116 % inquiète les professionnels du secteur, qui voient dans cette tendance une menace pour l’économie légale et la santé publique.

Le président de la Confédération nationale des buralistes, Philippe Coy, ne cache pas son inquiétude face à cette nouvelle réalité. Les réseaux sociaux, en particulier Facebook et Snapchat, concentrent la majorité de ces ventes illicites. Facebook représente 70 % des annonces détectées, tandis que Snapchat en capte plus de 20 %. Cette évolution s’explique par la facilité d’accès à ces plateformes, qui offrent aux trafiquants un moyen rapide et discret de toucher une large clientèle.

Des plateformes en ligne accusées de laxisme

Face à l’ampleur du phénomène, les buralistes et fabricants de tabac dénoncent une modération insuffisante des réseaux sociaux. Contactés à plusieurs reprises, ni Meta (Facebook) ni Snapchat n’ont fourni de réponse satisfaisante. Pourtant, ces entreprises affichent dans leurs conditions d’utilisation l’interdiction de la vente de tabac sur leurs plateformes. Facebook renvoie à ses règles internes, tandis que Snapchat affirme supprimer les comptes en infraction lorsqu’ils sont détectés.

Cette politique jugée inefficace permet au marché noir de prospérer, entraînant une perte de revenus considérable pour les buralistes et l’État. En moyenne, un paquet de cigarettes acheté chez un buraliste coûte douze euros, contre deux fois moins sur Internet. Cette différence de prix incite de nombreux consommateurs à contourner le monopole d’État et à se tourner vers ces offres illégales.

Un trafic de tabac structuré et difficile à démanteler

Les cigarettes vendues sur Internet proviennent de sources variées. Selon l’étude Webdrone, 37 % du tabac vendu en ligne serait issu de la contrebande, tandis que 22 % serait de la contrefaçon. Pour près de 40 % des ventes, l’origine du produit reste inconnue. Ce flou rend complexe la traçabilité des marchandises et empêche une répression efficace de ce commerce parallèle.

Le mode opératoire des trafiquants est bien rodé. La marchandise est généralement expédiée par voie postale, rendant les contrôles encore plus difficiles. Certains vendeurs vont même jusqu’à proposer des avis clients, reproduisant ainsi les codes du commerce en ligne traditionnel. Ce professionnalisme rend le trafic plus attractif et brouille les frontières entre vente légale et marché noir.

Des mesures insuffisantes pour enrayer le phénomène

Pour lutter contre cette explosion de la vente illégale de cigarettes, le gouvernement a mis en place en décembre 2022 le Groupement de Lutte Anti-Trafic de Tabac (GLATT). Ce dispositif comprend notamment le renforcement des équipes de cyberdouaniers dans chaque direction régionale des douanes. L’objectif est de traquer et sanctionner les vendeurs illégaux, mais aussi de démanteler les filières d’importation.

Malgré ces efforts, le phénomène continue de s’amplifier, et les autorités peinent à suivre le rythme. Philippe Coy, représentant des buralistes, estime que les actions menées restent insuffisantes face à l’ampleur du trafic. Tant que les plateformes en ligne ne mettront pas en place un contrôle plus strict et une suppression automatique des annonces illégales, ce marché parallèle continuera de prospérer, au détriment des buralistes et des recettes fiscales de l’État.

La question reste donc en suspens : comment lutter efficacement contre un trafic qui semble hors de contrôle sur Internet ? Les prochaines décisions européennes en matière de régulation numérique seront déterminantes pour freiner ce phénomène, mais les buralistes et les autorités attendent des actions concrètes et immédiates pour limiter cette explosion du commerce illégal de tabac en ligne.

Laisser un commentaire

Partages