Face à l’essor du marché parallèle du tabac, une quarantaine de fédérations départementales de buralistes se mobilisent ce lundi 3 février pour protester contre la vente de cigarettes de contrebande. Des rassemblements sont organisés dans plusieurs grandes villes comme Lyon, Strasbourg, Clermont-Ferrand, Toulouse, Montpellier, Bordeaux, Rouen et Le Havre, avec des prises de parole et distribution de tracts devant l’Assemblée nationale à Paris.
Le président de la Confédération nationale des buralistes, Philippe Coy, précise toutefois que cette mobilisation n’est pas organisée par l’instance nationale, mais bien par les fédérations départementales. Il souligne néanmoins comprendre l’exaspération des commerçants : « Ce sont des fédérations qui souhaitent se mobiliser pour dénoncer ce que nous portons et relayons régulièrement auprès des pouvoirs publics, c’est-à-dire ce marché parallèle qui est aujourd’hui une des sources aussi d’insécurité du réseau. Je comprends et partage l’angoisse de mes collègues, et je comprends leur expression », a-t-il déclaré.
Le marché illégal de tabac en pleine expansion
Les buralistes dénoncent la montée en puissance de la contrebande de cigarettes, qui représente une part croissante du tabac consommé en France. Selon Philippe Alauze, président de la Fédération des buralistes d’Île-de-France, « quatre clients sur dix n’achètent plus au bureau de tabac », ce qui met en péril l’avenir de nombreux commerçants.
Dans les zones frontalières, la situation est encore plus préoccupante. Frédéric Pailhé, président de la Fédération des buralistes de Haute-Garonne, observe que « 40 à 45 % des cigarettes consommées dans la région ont été achetées en dehors des bureaux de tabac français », notamment en Espagne et en Andorre, où les prix sont bien plus attractifs. Il dénonce l’impact des écarts tarifaires, affirmant que « le paquet est à 13 euros dans mon tabac, 5 euros en Andorre, 6 en Espagne, plus de 100 % d’écart. […] On entend ‘shit, shit’, ‘cigarette, cigarette’ dans les rues de nos villes. C’est ça qu’on veut ? Que le commerce passe par la voie illégale ? »
Une fiscalité jugée contre-productive
Les buralistes critiquent également la politique de hausse des prix du tabac, jugée inefficace pour lutter contre le tabagisme. « Ce n’est pas une politique de santé anti-tabac que d’augmenter le prix des cigarettes, ce n’est pas dissuasif, ça ne fait qu’encourager le trafic », affirme Frédéric Pailhé.
En plus des pertes économiques, la profession déplore une augmentation des agressions et des braquages ciblant les bureaux de tabac. « Une à deux fois par an au minimum, il y a des agressions, cambriolages ou braquages de buralistes », témoigne Frédéric Pailhé, évoquant l’exemple récent d’un collègue attaqué à Toulouse.
La Fédération des buralistes de l’Hérault réclame une action gouvernementale plus ferme contre la contrebande et exhorte l’État à mieux protéger les commerçants. « Les trafiquants doivent être traqués sans relâche pour restaurer l’État de droit et garantir un avenir aux buralistes », plaide cette fédération.
Cette mobilisation vise à sensibiliser les pouvoirs publics à l’ampleur du phénomène et à réclamer des mesures plus strictes contre le marché illégal du tabac.