Système de surveillance expérimental de la SNCF : La Quadrature du Net monte au créneau

Boudjadi
Par Kamel B Publié le 12 mai 2024 à 17h44
Système de surveillance expérimental de la SNCF : La Quadrature du Net monte au créneau
Système de surveillance expérimental de la SNCF : La Quadrature du Net monte au créneau

Le système de vidéosurveillance que la SNCF est en train de tester au niveau des gares de Paris et Marseille fait planer des craintes quant à d’éventuelles atteintes à la vie privée des voyageurs.

Tout mouvement des voyageurs de passage par la gare du Nord et de Lyon à Paris, et la gare Saint-Charles, à Marseille, est désormais filmé et enregistré par des caméras de surveillance algorithmique. La SNCF explique que ce dispositif, appelé Prevent PCP, a pour objectif de faciliter, à ses agents, la détection des bagages abandonnés ou délaissés et le repérage des propriétaires. Mais, malgré les explications fournies par la société des transports ferroviaires excluant toute exploitation des données biométriques, ce système, renforcé de l’intelligence artificielle, fait beaucoup de mécontents.

Une plainte est déjà déposée pour faire cesser l’expérimentation du système par la SNCF

La Quadrature du Net, association de défense et de promotion des droits et libertés sur Internet, monte au créneau et réclame tout simplement l’arrêt de l’expérimentation. Cela porte atteinte à la liberté des personnes et va en porte-à-faux avec les lois protégeant les données personnelles et la vie privée, estime cette association qui juge ce dispositif disproportionné et illégal. Une plainte a, d’ailleurs, été déposée auprès du CNIL, le 2 mai, par le même collectif avec demande de suppression des données collectées et l’arrêt de l’expérimentation.

Se défendant de toute volonté de porter atteinte à la vie privée des personnes, la SNCF assure, de son côté, qu’aucune donnée biométrique n’a été traitée depuis le lancement des expérimentations en février 2024. Le système, ajoute-t-elle, n’outrepassera pas les limites de la loi sur les JO de Paris du 19 mai 2023 autorisant, jusqu’à 2025, l’utilisation de la vidéosurveillance algorithmique. Le système servira à observer la foule, collecter et analyser les images pour alerter les forces de l’ordre en cas de  « comportement anormal », ajoute la SNCF sur son site.

L’association de défense des droits numériques persiste et signe

La Quadrature du Net n’en croit pas un mot. Pour elle, les données physiologiques et physiques des voyageurs sont bel et bien traitées. « Repérer les situations où un bagage serait abandonné, mais (aussi à) suivre la personne qui a déposé le bagage à travers les différentes caméras connectées au dispositif », nécessite le traitement des « comportements et le positionnement » des voyageurs, explique l’association. Or, « cette réidentitification et cette recherche ne sont possibles que par l’analyse, par un traitement spécifique des données physiques ou physiologiques des personnes à des fins d’identification unique », précise-t-elle.

Même le Sénat n'y croit pas beaucoup

Le Sénat aussi ne croit pas à l’efficacité de ce système de vidéosurveillance algorithmique. Dans son rapport présenté le mois d’avril par la sénatrice (Les Républicains), Agnès Canayer, il relève que l’outil n’avait pas fonctionné lors du concert de Depeche Mode qui a servi d’occasion pour l’expérimentation. Les JO offriront un autre terrain d’expérimentation supplémentaire, ajoute le rapport, mais il n'y aurait, en aucun cas, un moyen de sécurisation.

Mis en place dans le cadre des JO de Paris, le système est utilisé depuis le 12 février dans la gare du Nord, depuis le 27 mars dans la gare de Lyon à Paris et depuis le 15 avril dans la gare Saint-Charles de Marseille. Et la surveillance se poursuivra jusqu'au 30 août.

Boudjadi

Journaliste depuis plus de vingt ans. Passages dans plusieurs rédactions de la presse généraliste. Multiples formations en communication événementielle, je porte un intérêt particulier à l’actualité économique.

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