Suspension de la réforme des retraites : pourquoi la CFDT veut relancer un modèle qui inquiète les salariés

Entre promesse d’équité et crainte d’instabilité, la retraite par points reste un chantier semé d’incertitudes pour les futurs retraités.

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Réforme des retraites
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La réforme des retraites en France est aujourd’hui plongée dans une zone de turbulence. Alors que le texte adopté faisait fi des oppositions, plusieurs voix commencent à évoquer une suspension de la réforme, le temps de repenser les principes du système. Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, en appelle justement à rouvrir le débat et à envisager une alternative : un système à points, plus modulable, où chaque individu pourrait arbitrer entre âge de départ et niveau de pension.

Suspendre la réforme, ce serait reconnaître que le texte en cours n’a pas réussi à convaincre les Français. L’idée d’un moratoire permettrait de mettre sur pause les dispositions les plus contestées — âge pivot, allongement de la durée de cotisation, décotes pénalisantes — afin d’ouvrir une véritable concertation nationale. Pour les syndicats, c’est un moyen de restaurer la légitimité du débat social et de renouer le dialogue. Pour le gouvernement, c’est un pari risqué, mais qui pourrait désamorcer la crise politique autour des retraites.

Mais la suspension ne saurait être qu’un point de départ. Marylise Léon estime qu’il est temps de redessiner le système autour d’un modèle à retraite par points, où l’âge légal ne serait plus le pilier central. Selon elle, un tel système peut être plus juste : chacun disposerait d’un « âge de possibilité » de départ, mais pourrait choisir de continuer à cotiser et à accumuler des droits. Ainsi, l’individu aurait la main sur son calendrier et sur le montant de sa pension. Ce modèle serait particulièrement adapté aux carrières fragmentées, aux salariés en mobilité entre secteurs public et privé, et aux situations de pénibilité ou d’interruptions liées à la maternité.

Cette proposition n’est pas nouvelle : le projet de retraite universelle par points avait été évoqué en 2019, puis mis de côté face aux résistances. Le débat avait été interrompu, mais la CFDT souhaite le raviver, arguant que la réforme imposée par voie de 49.3 en 2023 a creusé un fossé entre le pouvoir et les citoyens. En relançant ce modèle, la centrale veut pointer l’injustice d’un système fondé sur un âge légal uniforme, sans marge de manoeuvre pour les parcours atypiques ou les vies contraintes.

Les défis à relever pour garantir la solidité de la retraite par points

Pour que la retraite par points ne devienne pas un mirage, plusieurs défis doivent être relevés. Il faut garantir la pérennité financière du système, éviter des effets de cliquet défavorables (où les droits stagnent), et définir une valeur du point suffisamment stable pour ne pas priver les cotisants de visibilité. La reconnaissance de la pénibilité, l’égalité femmes-hommes et l’harmonisation des régimes seraient des piliers indispensables d’un tel système.

Cette transition vers un système à points ne pourrait se faire que si la réforme en cours est suspendue ou largement retravaillée. Sans pause, le débat resterait verrouillé : des aménagements ponctuels ne suffiraient pas à remettre en cause l’âge pivot ou la mécanicité de la décote. Avec une suspension, on ouvrirait la voie à une refondation plus démocratique, permettant aux organisations syndicales, aux citoyens et aux experts de co-construire un modèle plus souple et plus juste.

Si la suspension de la réforme est adoptée, la retraite par points se présente comme une piste crédible pour donner un nouveau souffle à la discussion, avec l’idée que nul ne soit lié de façon rigide à l’âge, mais puisse choisir en conscience selon ses ressources, ses efforts et ses contraintes

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