Le secrétaire national du Parti communiste, Fabien Roussel, a de nouveau exprimé sa volonté de supprimer le RSA, estimant que le travail doit être au cœur des priorités politiques. Une prise de position qui provoque de fortes tensions, y compris au sein de la gauche.
Dans un entretien accordé à plusieurs médias dont l’Opinion et l’Humanité, Fabien Roussel a réitéré son souhait de mettre fin au Revenu de solidarité active (RSA). Selon lui, ce dispositif a contribué à diviser la société en opposant travailleurs et bénéficiaires d’aides sociales. Il estime que l’État doit garantir un emploi ou une formation rémunérée à chacun, plutôt que de maintenir un système d’aides qui, selon lui, entretient la précarité.
L’ancien candidat à l’élection présidentielle de 2022 défend cette thèse dans son livre à paraître en avril, Le Parti pris du travail. Il y expose sa vision d’une réforme sociale axée sur l’emploi, où chaque citoyen pourrait évoluer professionnellement tout au long de sa vie, sans dépendre d’allocations.
Une position qui divise la gauche
Si la volonté de favoriser l’emploi fait consensus, l’idée de supprimer purement et simplement le revenu de solidarité active est loin de faire l’unanimité, même au sein de la gauche. Plusieurs figures politiques, dont François Ruffin (LFI) et Olivier Faure (PS), ont critiqué cette approche.
François Ruffin a dénoncé une opposition artificielle entre « la France qui travaille » et « la France des allocs », estimant que le véritable combat devrait être dirigé contre les inégalités économiques et les grandes fortunes. De son côté, Olivier Faure a rappelé que la protection sociale et le droit au travail ne sont pas incompatibles, soulignant que l’État doit à la fois assurer un filet de sécurité et des opportunités d’emploi.
Le RSA déjà au cœur des réformes
Cette déclaration de Fabien Roussel intervient dans un contexte de réforme du RSA menée par le gouvernement. Le projet France Travail, porté par l’exécutif, prévoit un renforcement du contrôle des bénéficiaires et l’obligation d’effectuer 15 à 20 heures d’activité hebdomadaire en échange de l’allocation.
Certains experts estiment que la suppression pure et simple du RSA serait une mesure brutale, qui risquerait d’accentuer la précarité de milliers de foyers. D’autres, en revanche, considèrent que l’idée d’une garantie d’emploi pour tous pourrait être une alternative efficace, à condition que l’État soit capable de proposer des postes adaptés aux compétences et aux besoins des demandeurs d’emploi.
Quel avenir pour cette proposition ?
Si la suppression du RSA n’est pas une mesure actuellement envisagée par le gouvernement, la prise de position de Fabien Roussel alimente le débat sur l’avenir du modèle social français. Cette proposition radicale pose une question centrale : l’État doit-il avant tout protéger ou responsabiliser les citoyens ?
Les discussions autour du revenu minimum et de l’emploi pour tous ne sont pas nouvelles, mais elles prennent une résonance particulière dans un contexte économique marqué par l’inflation et la précarisation de certaines catégories sociales. Reste à voir si cette vision du travail comme seule alternative aux aides sociales parviendra à s’imposer dans le débat public.