Supermarchés : comment les enseignes contournent les lois pour proposer des promotions jusqu’à -75 %

Depuis l’entrée en vigueur des lois Egalim et Descrozaille, les promotions sont théoriquement limitées à 34 % sur les produits alimentaires et d’hygiène. Pourtant, certaines enseignes continuent d’afficher des remises allant jusqu’à -75 %, en utilisant des stratégies commerciales bien rodées. Ces pratiques incluent des réductions conditionnées à l’achat de plusieurs produits, du cagnottage sur les cartes de fidélité ou encore des bons d’achat différés. Face à ces techniques, la grande distribution attire toujours plus de clients en quête d’économies.

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Une étiquette rouge "Super Promo" est mise en avant dans un rayon de supermarché, attirant l’attention sur des promotions importantes.
Méga promotions : pourquoi elles ne reviendront pas en supermarché avant 2026 | Econostrum.info

Les lois Egalim et Descrozaille devaient limiter les promotions à 34 % maximum, afin de protéger les fournisseurs et garantir des prix justes. Pourtant, les supermarchés rivalisent d’ingéniosité pour proposer des remises bien supérieures. Quelles sont ces techniques et pourquoi sont-elles toujours parfaitement légales ?

Depuis 2018, la loi Egalim I interdit les promotions dépassant 34 % sur les produits alimentaires. En mars 2024, la loi Descrozaille (Egalim III) a élargi cette règle aux produits d’hygiène, de droguerie et de parfumerie. L’objectif était de mieux équilibrer les relations commerciales entre distributeurs et fournisseurs, ces derniers étant souvent pressurisés par la guerre des prix.

Cependant, malgré ces restrictions légales, les enseignes de la grande distribution ont trouvé des failles pour continuer à proposer des remises bien plus agressives. Résultat : il est toujours possible de voir des réductions allant jusqu’à -75 % sur certains produits dans les rayons.

Les promotions conditionnées : une astuce imparable

Une des techniques les plus répandues consiste à conditionner la remise à l’achat de plusieurs produits. Comme l’exemple cité par nos confrères de Capital, au lieu de proposer -50 % sur un seul article, une enseigne affichera « 68 % de remise dès l’achat de deux produits identiques ». Ainsi, chaque article bénéficie bien d’une réduction de 34 %, ce qui reste conforme à la loi, mais l’impact sur le panier final est bien plus attractif pour le consommateur.

Ce type de promotion est particulièrement fréquent sur les produits de grande consommation, comme les lessives, shampoings ou biscuits, où l’achat en lot est perçu comme avantageux.

Le cagnottage et les bons d’achat : une remise différée

Autre technique largement utilisée par les supermarchés : le cagnottage sur les cartes de fidélité. Ici, au lieu d’appliquer immédiatement une réduction sur le prix en caisse, le montant économisé est crédité sur la carte du client, qui pourra l’utiliser lors d’un prochain passage en magasin.

Par exemple, un produit affiché à 10 euros avec une promotion de 5 euros en cagnotte revient bien à 50 % de réduction, mais d’une manière différée. Cela permet aux enseignes de respecter la législation tout en fidélisant leurs clients, qui reviennent en magasin pour utiliser leur cagnotte.

Les bons d’achat différés fonctionnent sur le même principe. Un client qui achète un produit en promotion peut recevoir un bon de réduction à utiliser ultérieurement, permettant d’obtenir une remise indirecte plus importante.

Les consommateurs toujours à l’affût des meilleures offres

Malgré les contraintes légales, ces stratégies permettent aux supermarchés de maintenir un fort pouvoir d’attraction sur les consommateurs. Avec une inflation encore présente dans l’alimentation, les ménages sont à la recherche des meilleures promotions pour alléger leur budget.

D’après un classement de Que Choisir, Leclerc reste l’enseigne la moins chère de France en janvier 2025, suivi de Hyper U et Intermarché. À l’inverse, Carrefour et Auchan sont classés parmi les plus chers, incitant ces enseignes à multiplier les offres promotionnelles pour rester compétitives.

Un équilibre fragile entre promotions et protection des fournisseurs

Si ces techniques bénéficient aux consommateurs, elles posent toujours la question de l’équilibre économique entre distributeurs et fournisseurs. Les producteurs et industriels dénoncent souvent des pressions sur les prix exercées par les grandes surfaces, qui cherchent à proposer des promotions attractives sans rogner leurs marges.

Avec ces contournements réglementaires, les enseignes continuent de jouer sur le fil du rasoir entre respect des lois et recherche de compétitivité. Pour les consommateurs, ces stratégies sont une opportunité à saisir, à condition d’être attentifs aux modalités des offres et d’optimiser leur utilisation des cagnottes et bons d’achat.

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