Depuis un an, les super promotions sur les produits d’hygiène ont disparu des rayons, plafonnées à -34 %, comme les denrées alimentaires. Une nouvelle initiative parlementaire propose de revenir à des rabais plus conséquents, jusqu’à -80 %, une pratique qui existait auparavant et qui permettait aux consommateurs de réaliser d’importantes économies.
La limitation des promotions sur les produits d’hygiène est une conséquence de la loi Egalim, adoptée pour protéger les revenus des agriculteurs. Toutefois, cette mesure a eu des répercussions inattendues sur d’autres secteurs, notamment celui des articles de première nécessité comme les shampoings, les gels douche ou encore les couches pour bébé.
Des acteurs de la grande distribution, dont Michel-Edouard Leclerc, dénoncent une réglementation injustifiée qui pénalise directement le pouvoir d’achat des ménages. Pour eux, limiter les remises sur ces produits empêche les consommateurs de bénéficier d’offres attractives, pourtant courantes avant l’application de cette loi.
Le projet de loi déposé par Stéphane Travert (Ensemble) et Julien Dive (LR) vise donc à revenir à une situation plus souple, permettant aux enseignes de proposer des promotions plus importantes, allant jusqu’à -80 %. L’objectif affiché est de favoriser la concurrence entre distributeurs et d’alléger la facture des Français.
Les industriels opposés à un retour en arrière
Si la grande distribution se montre enthousiaste face à cette proposition, les industriels du secteur, eux, s’y opposent fermement. Pour eux, limiter les promotions a permis d’éviter une course aux rabais qui aurait fragilisé la rentabilité des fabricants, rapporte Franceinfo.
Selon Nicolas Facon, directeur de l’Institut de liaisons des entreprises de consommation, le plafonnement actuel a contribué à une baisse moyenne des prix de 2 % sur ces produits, ce qui représente 300 millions d’euros de pouvoir d’achat redistribués aux consommateurs. Il craint qu’un retour aux promotions massives ne pousse les industriels à compenser ces remises par une augmentation générale des prix, au détriment des consommateurs à long terme.
Cette opposition met en lumière deux visions opposées du commerce : d’un côté, les distributeurs prônent une politique de prix attractifs grâce aux remises ; de l’autre, les industriels défendent une stabilité tarifaire tout au long de l’année.
Un enjeu économique et politique autour des super promotions
La question des promotions sur les produits d’hygiène dépasse le simple cadre du commerce de détail. Elle s’inscrit dans un contexte économique marqué par l’inflation, où les ménages cherchent à limiter leurs dépenses sur des produits essentiels.
Les députés favorables à la proposition estiment que permettre à nouveau des rabais plus élevés serait un levier important pour le pouvoir d’achat, notamment pour les foyers les plus modestes. De leur côté, les détracteurs craignent que cela ne conduise à des stratégies de prix artificielles, où les promotions serviraient à masquer des hausses régulières en dehors des périodes de soldes.
Ce débat touche également la politique commerciale des grandes enseignes. Revenir aux super promotions renforcerait leur attractivité face à des consommateurs de plus en plus attentifs aux prix. Cependant, cela pourrait aussi inciter les fabricants à revoir leurs marges, ce qui, à terme, pourrait annuler les bénéfices perçus par les clients.
Des consommateurs partagés sur la question
Pour les ménages, le retour des promotions XXL représenterait une opportunité d’économiser sur des produits du quotidien, souvent jugés trop coûteux. De nombreuses familles attendent ces périodes de rabais pour acheter en grande quantité des couches, dentifrices ou gels douche, et réduire ainsi leur budget annuel consacré à l’hygiène.
Toutefois, certains consommateurs s’interrogent sur l’impact réel de ces promotions. Dans un marché où les prix sont déjà très concurrentiels, des réductions trop importantes pourraient dégrader la qualité des produits ou encore conduire à une offre plus réduite.
Dans les prochaines semaines, les débats à l’Assemblée nationale et au Sénat détermineront si cette proposition de loi sera adoptée. Qu’elle soit validée ou non, elle soulève une question majeure : comment concilier attractivité des prix et stabilité du marché pour garantir un bénéfice durable aux consommateurs ?
