{"id":108153,"date":"2025-10-31T11:22:00","date_gmt":"2025-10-31T10:22:00","guid":{"rendered":"https:\/\/econostrum.info\/suisse\/?p=108153"},"modified":"2025-10-30T18:01:42","modified_gmt":"2025-10-30T17:01:42","slug":"dependance-aide-sociale-suisse-generation","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/econostrum.info\/suisse\/dependance-aide-sociale-suisse-generation\/","title":{"rendered":"La mal\u00e9diction de Tantale : pourquoi la d\u00e9pendance \u00e0 l\u2019aide sociale perdure en Suisse, g\u00e9n\u00e9ration apr\u00e8s g\u00e9n\u00e9ration ?"},"content":{"rendered":"\n
Le ph\u00e9nom\u00e8ne de la d\u00e9pendance \u00e0 l’aide sociale, souvent qualifi\u00e9 de \u00ab mal\u00e9diction de Tantale \u00bb, d\u00e9signe la transmission interg\u00e9n\u00e9rationnelle de la pauvret\u00e9 et de la d\u00e9pendance aux aides publiques. En Suisse, ce cycle semble perdurer, particuli\u00e8rement au sein des familles proches, mais il ne semble pas condamner les g\u00e9n\u00e9rations suivantes \u00e0 une d\u00e9pendance \u00e0 vie. <\/p>\n\n\n\n
Une \u00e9tude men\u00e9e par l’Institut de politique \u00e9conomique suisse de l’Universit\u00e9 de Lucerne explore ce ph\u00e9nom\u00e8ne en analysant les donn\u00e9es des jeunes adultes suisses. Les r\u00e9sultats montrent que la transmission de cette d\u00e9pendance reste forte entre parents et enfants, mais diminue rapidement au fur et \u00e0 mesure que l’on s’\u00e9loigne des g\u00e9n\u00e9rations directes.<\/p>\n\n\n\n
L’\u00e9tude de l’Universit\u00e9 de Lucerne<\/a> a port\u00e9 son attention sur les jeunes adultes \u00e2g\u00e9s de 20 \u00e0 33 ans, une tranche d’\u00e2ge cl\u00e9 pour l’entr\u00e9e dans la vie active. Cette p\u00e9riode est cruciale, car elle marque la transition entre l\u2019\u00e9ducation et le monde du travail. En Suisse, 4 % de cette tranche d\u2019\u00e2ge recourt \u00e0 l\u2019aide sociale, un taux l\u00e9g\u00e8rement plus \u00e9lev\u00e9 que la moyenne nationale. Ce chiffre pourrait sembler \u00e9lev\u00e9, mais ce qui est particuli\u00e8rement int\u00e9ressant dans cette \u00e9tude, c\u2019est l\u2019analyse de la transmission de la d\u00e9pendance \u00e0 l\u2019aide sociale entre g\u00e9n\u00e9rations.<\/p>\n\n\n\n Les r\u00e9sultats r\u00e9v\u00e8lent qu’une personne ayant des parents ou des fr\u00e8res et s\u0153urs b\u00e9n\u00e9ficiaires de l’aide sociale a environ 22 % de chances suppl\u00e9mentaires de se retrouver dans la m\u00eame situation. Ce chiffre montre l\u2019importance du milieu familial dans la propagation de cette d\u00e9pendance. Cependant, une diff\u00e9rence nette appara\u00eet lorsque l’on compare les relations entre cousins, qui partagent les m\u00eames grands-parents mais pas les m\u00eames parents. En effet, les jeunes ayant des cousins b\u00e9n\u00e9ficiaires de l’aide sociale<\/a> n’ont que 4 % de chances suppl\u00e9mentaires d\u2019y recourir \u00e0 leur tour. Ce faible taux de transmission entre cousins montre que, m\u00eame au sein de la famille \u00e9largie, l\u2019influence de la d\u00e9pendance sociale diminue consid\u00e9rablement.<\/p>\n\n\n\n L\u2019\u00e9tude indique \u00e9galement que la transmission de l\u2019aide sociale entre grands-parents et petits-enfants n\u2019atteint que 20 %, un chiffre bien inf\u00e9rieur aux 42 % observ\u00e9s entre parents et enfants. Ces r\u00e9sultats sugg\u00e8rent que la \u00ab mal\u00e9diction de Tantale \u00bb, qui signifie que la d\u00e9pendance \u00e0 l’aide sociale se perp\u00e9tue sur plusieurs g\u00e9n\u00e9rations, n’est pas un ph\u00e9nom\u00e8ne syst\u00e9matique en Suisse. La d\u00e9pendance ne semble pas se transmettre de mani\u00e8re durable entre g\u00e9n\u00e9rations, mais plut\u00f4t dispara\u00eetre rapidement apr\u00e8s deux g\u00e9n\u00e9rations.<\/p>\n\n\n\n Un facteur cl\u00e9 qui att\u00e9nue cette \u00ab mal\u00e9diction \u00bb en Suisse r\u00e9side dans la grande perm\u00e9abilit\u00e9 du syst\u00e8me \u00e9ducatif. Contrairement \u00e0 de nombreux autres pays o\u00f9 les in\u00e9galit\u00e9s sociales se reproduisent, la Suisse offre de nombreuses possibilit\u00e9s de formation tout au long de la vie. Ainsi, les jeunes adultes, m\u00eame issus de familles d\u00e9favoris\u00e9es, ont la possibilit\u00e9 de commencer par un apprentissage et de poursuivre leurs \u00e9tudes \u00e0 des niveaux plus \u00e9lev\u00e9s, y compris dans des \u00e9coles sp\u00e9cialis\u00e9es ou des universit\u00e9s. Cette flexibilit\u00e9 permet \u00e0 de nombreux jeunes de briser le cycle de la pauvret\u00e9 en acqu\u00e9rant des qualifications professionnelles qui les propulsent vers de meilleurs emplois.<\/p>\n\n\n\n L’\u00e9conomiste Melanie H\u00e4ner-M\u00fcller souligne l\u2019importance de l\u2019\u00e9ducation et des qualifications professionnelles sup\u00e9rieures dans la r\u00e9duction des in\u00e9galit\u00e9s \u00e9conomiques. En Suisse, un individu peut obtenir un revenu \u00e9lev\u00e9, m\u00eame si sa famille ne dispose pas de grandes ressources financi\u00e8res. Cela contraste avec de nombreux autres pays o\u00f9 les enfants issus de milieux pauvres sont souvent confin\u00e9s \u00e0 des emplois peu r\u00e9mun\u00e9r\u00e9s. L\u2019\u00e9tude montre que, m\u00eame si la famille exerce une influence sur le recours \u00e0 l\u2019aide sociale, cette influence est bien plus faible \u00e0 long terme et se dissipe g\u00e9n\u00e9ralement apr\u00e8s deux g\u00e9n\u00e9rations.<\/p>\n\n\n\nLe r\u00f4le de la mobilit\u00e9 sociale dans la r\u00e9duction de la d\u00e9pendance<\/strong><\/h2>\n\n\n\n