Visas dorés en Suisse : ce canton reste la porte d’entrée privilégiée des grandes fortunes

Le nombre de visas dorés délivrés en Suisse a bondi de 22 % en deux ans, avec de fortes disparités entre cantons. Le Tessin reste le plus actif.

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Locarno, canton du Tessin
Visas dorés en Suisse : ce canton reste la porte d’entrée privilégiée des grandes fortunes - crédit : Shutterstock | Econostrum.info - Suisse

Depuis 2008, la Suisse applique un modèle permettant à des personnes étrangères fortunées d’obtenir un permis de séjour en échange d’un paiement fiscal annuel élevé. Ce système, connu sous le nom de « visa doré », repose sur des décisions cantonales et s’adresse uniquement aux ressortissants d’États tiers, c’est-à-dire hors Union européenne et AELE.

Fin avril 2025, 496 personnes disposaient d’un tel visa, selon les données du Secrétariat d’État aux migrations relayées par Blick. Cela représente 92 bénéficiaires de plus qu’il y a deux ans.

Le Tessin, premier distributeur de visas dorés

Le canton du Tessin arrive en tête du classement avec 238 visas délivrés en 17 ans, dont 57 rien que la première année. Depuis 2015, la tendance s’est ralentie. Le canton attribue ce changement à la baisse de l’immigration de personnes aisées originaires de pays non membres de l’UE, combinée à une perte d’attractivité du Tessin, comme l’a précisé l’administration cantonale au média helvétique.

Genève a également délivré un nombre important de ces permis, avec un total de 216, à un rythme resté élevé au fil des années. Le Secrétariat général cantonal reconnaît que la motivation principale reste d’ordre fiscal, bien qu’il ne détaille pas les critères utilisés.

Le Valais a connu une progression notable ces deux dernières années, avec 30 visas attribués pour « des intérêts publics importants ». Selon les autorités cantonales, cette hausse est probablement liée à la nouvelle classification des ressortissants britanniques comme citoyens de pays tiers depuis le Brexit, ce qui a mécaniquement augmenté les chiffres à partir de 2020.

Des montants d’imposition qui varient fortement selon les cantons

Les conditions d’octroi des visas dorés varient sensiblement d’un canton à l’autre, notamment concernant le montant de la contribution fiscale annuelle exigée. À Argovie, un visa est considéré comme relativement accessible, avec une exigence fixée à 200 000 francs suisses. À Obwald, il faut débourser 250 000 francs, tandis qu’à Zoug, la somme demandée atteint 300 000 francs. Ce dernier canton a validé jusqu’ici 77 demandes.

Le canton de Berne applique une exigence plus élevée, à 500 000 francs. Le Tessin reste le plus onéreux avec un seuil de 815 000 francs. Ces écarts illustrent l’autonomie des cantons dans la mise en œuvre de cette politique.

Un cadre légal souple mais orienté vers l’intérêt fiscal

En Suisse, les ressortissants de pays tiers peuvent obtenir un permis de séjour pour des « motifs d’intérêt public important », qui peuvent être culturels, politiques ou liés à des procédures pénales. Mais la principale raison reste financière.

Le Valais, par exemple, fixe ses seuils fiscaux à 287 000 francs pour les personnes de moins de 55 ans et à 201 000 francs pour les plus âgées. Genève n’a pas communiqué ses seuils mais reconnaît que « l’intérêt fiscal essentiel » motive dans la majorité des cas l’attribution du séjour.

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