La quasi-totalité du village de Blatten a été anéantie, qu’est ce que cela coûtera à la Suisse ?

L’effondrement de Blatten met en lumière la vulnérabilité des zones alpines face aux catastrophes naturelles et les limites des dispositifs d’aide et d’assurance.

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village de Blatten
La quasi-totalité du village de Blatten a été anéantie, qu'est ce que cela coûtera à la Suisse entre aides et assurances ? : Crédit : Météo Paris | Econostrum.info - Suisse

Le village valaisan de Blatten a été ravagé le 18 mai par un glissement de terrain d’une rare violence. Cette catastrophe a entraîné l’évacuation d’environ 170 personnes et la destruction quasi totale du hameau. 

Passée l’urgence humanitaire, se pose désormais la question de la prise en charge financière pour la reconstruction et l’indemnisation des victimes. Dans un canton où les catastrophes naturelles ne sont pas rares, les mécanismes de solidarité et le rôle des assurances sont remis en question.

Une réponse humanitaire rapide, mais une reconstruction complexe

Dès l’effondrement du terrain, les secours ont été déployés pour assurer l’évacuation des habitants et sécuriser les abords du site. Si aucune victime n’est à déplorer, les pertes matérielles sont massives. Pour les sinistrés, il ne s’agit pas seulement de retrouver un toit, mais de recomposer une vie perdue en quelques minutes. « Ces gens ont tout perdu, leurs meubles, leurs habits, leur vélo… », déclare Silvano Allenbach, responsable de l’aide lors de catastrophes naturelles chez Caritas Suisse, indique 20minutes.

Dans les premiers jours, les associations humanitaires, notamment Caritas et la Croix-Rouge, ont débloqué 400’000 francs suisses pour soutenir les familles sinistrées. Cette aide couvre les besoins immédiats : vêtements, produits d’hygiène, jouets pour les enfants, ou hébergement temporaire. Ensuite, des aides transitoires sont prévues pour faciliter les déplacements ou l’accès à des logements de vacances.

Mais cette première réponse ne couvre qu’une partie du problème. À moyen terme, il faudra rebâtir, remplacer les biens perdus, et assurer la continuité de la vie sociale et économique du village. Et dans cette phase, les limites des assurances et des aides publiques risquent d’apparaître nettement.

Un système d’assurance fragmenté et inégal selon les cantons

En Suisse, la couverture des dommages dus à des catastrophes naturelles varie d’un canton à l’autre. Dans le canton de Vaud, par exemple, l’ECA (Établissement cantonal d’assurance) gère centralement l’ensemble des indemnisations liées aux événements naturels. En Valais, la situation est tout autre : il n’existe pas d’assureur cantonal unique.

Les habitants de Blatten dépendent donc d’assurances privées, où la couverture est liée aux polices d’assurance incendie, rendues obligatoires par une loi fédérale. En cas de catastrophe, ces compagnies mettent en place un « pool de sinistre », un mécanisme de répartition des coûts entre assureurs, basé sur leurs parts de marché respectives. Dans les faits, ce système semble fonctionner de manière équivalente à celui des cantons avec une institution publique. « Nous ne constatons pas de grosse différence de pratique avec les autres cantons », précise Silvano Allenbach.

Néanmoins, les victimes doivent compter avec la variabilité des contrats individuels, qui ne garantissent pas tous un remboursement équivalent. Certains sinistrés se retrouvent face à des « trous » dans leur couverture, que les aides humanitaires doivent combler dans la mesure du possible.

Autre source d’inquiétude : l’avenir de l’assurance dans les zones à risque. Avec la montée en fréquence et en intensité des catastrophes naturelles, certaines compagnies refusent désormais de signer de nouveaux contrats dans les régions jugées trop exposées. Une évolution qui fragilise les populations rurales, alors même qu’elles sont les plus vulnérables aux effets du dérèglement climatique.

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