La Suisse se dirige vers l’introduction d’une 13e rente AVS dès 2026, après avoir approuvé cette initiative par référendum en mars 2024. Toutefois, la question cruciale du financement de cette réforme demeure suspendue
Si la mesure est accueillie favorablement par les retraités, son coût, estimé à 4,2 milliards de francs par an, met en lumière un défi de taille pour l’avenir du système de retraite suisse.
La 13e rente, une mesure populaire au service des retraités
L’initiative qui permettra de verser un supplément annuel de 13e rente aux retraités a été largement acceptée par les Suisses, avec 58 % de voix favorables. Ce supplément sera versé une seule fois par an, en décembre, et concernera tous les titulaires de rentes de vieillesse, qu’ils soient mariés ou non. La mesure ne modifiera en aucun cas le montant des rentes mensuelles et ne sera pas incluse dans le calcul des revenus déterminants pour l’octroi de prestations complémentaires. Le Conseil des États a validé cette réforme, soulignant qu’un versement annuel unique serait plus simple et plus efficace que plusieurs paiements dans l’année.
La Confédération assumera environ 850 millions de francs du coût annuel, une part non négligeable qui pèse sur les finances publiques. Toutefois, la question du financement de cette nouvelle dépense reste en suspens, le Conseil des États ayant choisi de différer la prise de décision à l’année 2025, pour permettre une analyse plus approfondie des différentes options disponibles.
Un défi à long terme
Si le principe de la 13e rente AVS est désormais acquis, son financement suscite encore de vives discussions au sein du Parlement. Le Conseil fédéral a proposé une hausse de la TVA de 0,7 point, ce qui permettrait de dégager des ressources pour financer cette mesure. Le taux normal passerait de 8,1 % à 8,8 %, et des ajustements seraient également envisagés pour les secteurs spéciaux, comme l’hôtellerie. Cependant, ce projet est loin de faire l’unanimité, notamment parmi la gauche qui plaide pour une augmentation des cotisations salariales, une solution rejetée par la droite.
En dépit des propositions du gouvernement, la situation financière de l’AVS ne se dégrade pas avant 2029, ce qui a permis au Conseil des États de temporiser et d’attendre une réforme plus large du système de retraite, prévue pour 2026. Le but est de trouver une solution globale et équilibrée qui prenne en compte non seulement la 13e rente AVS, mais aussi d’autres mesures comme la suppression du plafond des rentes pour les couples mariés.
Le financement de la 13e rente AVS reste donc un chantier ouvert, avec des débats qui devront aboutir d’ici au printemps 2025. Le Parlement prévoit de prendre sa décision après avoir examiné des solutions mixtes et un ajustement de la TVA, tout en analysant l’évolution des cotisations salariales et des recettes fiscales.