Le secteur financier suisse traverse une période charnière. Cette semaine, plusieurs établissements, dont Julius Bär, UBS, Vontobel et la Banque cantonale de Zurich (ZKB), présentent leurs résultats de l’année 2024. Si certains s’attendent à des chiffres positifs, d’autres anticipent des annonces difficiles, notamment en matière d’emploi.
Chez Julius Bär, la suppression de 400 postes s’accompagne d’une réduction marquée des effectifs de la direction. Cette décision intervient alors même que la banque affiche un bénéfice en nette hausse. Une stratégie qui interroge : pourquoi réduire la masse salariale alors que la performance financière semble au rendez-vous ?
Des licenciements en cascade chez UBS et Julius Bär
Les suppressions de postes ne se limitent pas à Julius Bär. UBS, qui dévoilera ses résultats mardi, a déjà acté des licenciements massifs dans le cadre de l’intégration de Credit Suisse. Près de 3 000 postes devraient disparaître, mais l’incertitude demeure quant au calendrier exact des notifications aux employés concernés.
Dans ce contexte, certains salariés épuisés par la charge de travail espèrent recevoir rapidement leur lettre de licenciement pour tourner la page après des mois d’attente. D’autres redoutent d’avoir été volontairement mal notés lors de leur évaluation annuelle, un moyen de justifier leur départ. Un employé de Credit Suisse résume la situation : « Je peux comprendre cela dans une certaine mesure, mais cela tue toute motivation ».
Natalia Ferrara, membre de l’Association du personnel bancaire, souligne la forte pression qui pèse sur les équipes d’UBS. En plus des tâches habituelles, elles doivent gérer les contraintes liées à l’intégration. Ce surcroît de travail laisse de nombreux collaborateurs épuisés, alors même que UBS devrait clôturer l’année 2024 avec un bénéfice dépassant les 4 milliards de dollars.
La réorganisation du secteur met les banquiers sous pression
Les réorganisations en cours ne concernent pas uniquement UBS et Julius Bär. La disparition de Credit Suisse pousse de nombreux conseillers à la clientèle à rechercher un nouvel employeur, notamment auprès de Julius Baer ou de la Banque cantonale de Zurich.
Mais cette migration professionnelle comporte des risques. Daniel Bosshard, analyste bancaire à la Banque cantonale de Lucerne, alerte sur le fait que tous les nouveaux conseillers ne répondent pas aux attentes des banques qui les embauchent. La question se pose alors rapidement : « Les intégrer ou les congédier ? ».
Chez Julius Bär, cette question est particulièrement sensible. L’établissement a fortement augmenté ses effectifs ces dernières années, mais la tendance s’inverse. Son nouveau CEO, Stefan Bollinger, a laissé entendre que la réduction des coûts serait une priorité, et que des suppressions de postes supplémentaires ne sont pas à exclure.
Cette semaine s’annonce également décisive pour Vontobel et la Banque cantonale de Zurich. Si Vontobel a connu une année difficile, la ZKB affiche une situation plus stable. Les résultats à venir devraient permettre d’évaluer l’impact de la baisse des taux d’intérêt, alors que les taux négatifs redeviennent une possibilité en Suisse.