Les récentes déclarations d’un ancien cadre d’UBS relancent le débat sur un possible départ de la banque de Suisse. Cette hypothèse est motivée par les contraintes réglementaires croissantes imposées après le rachat de Credit Suisse en mars 2023.
L’établissement, désormais au centre du système bancaire suisse, doit faire face à des exigences de capital et de liquidités renforcées, ce qui pourrait affecter sa compétitivité. Un éventuel déplacement du siège d’UBS hors du pays soulèverait des questions économiques et fiscales majeures, tant pour la banque que pour la Suisse.
Une pression réglementaire en forte hausse depuis la fusion
L’absorption de Credit Suisse, alors en grande difficulté, a permis à UBS de devenir une méga-banque avec un total d’actifs atteignant plus de 1 500 milliards de francs suisses. Ce rachat, orchestré par le gouvernement suisse et la Banque nationale suisse (BNS), a conduit à une augmentation des obligations réglementaires. En effet, la Finma, l’autorité de surveillance des marchés financiers, a exigé des fonds propres renforcés, des réserves de liquidités accrues et un renforcement des contrôles internes.
Désormais, UBS doit maintenir un ratio de fonds propres de 14 %, soit plus que les exigences minimales fixées par Bâle III. De plus, l’établissement doit répondre aux nouvelles règles suisses sur les banques d’importance systémique, qui prévoient des exigences de liquidité encore plus strictes. Le coût de ces contraintes pourrait peser sur la rentabilité de la banque et inciter ses dirigeants à rechercher des alternatives stratégiques.
Oswald Grübel, ancien CEO d’UBS entre 2007 et 2009, a récemment déclaré que la banque pourrait envisager un départ vers un pays où la réglementation bancaire est plus souple, a rapporté Blick aujourd’hui. Il cite notamment les États-Unis ou l’Asie, où certaines contraintes fiscales et de liquidités seraient moins lourdes pour un groupe de cette taille.
Des conséquences économiques et fiscales majeures pour la Suisse
Si UBS décidait de transférer son siège à l’étranger, l’impact sur l’économie suisse serait considérable. Aujourd’hui, l’établissement représente à lui seul environ 5 % du PIB suisse et emploie environ 37 000 personnes dans le pays, dont une grande partie à Zurich. Un déménagement du siège pourrait entraîner la perte de milliers d’emplois, en particulier dans les services centraux et la gestion d’actifs.
En matière fiscale, UBS est l’un des plus importants contributeurs en Suisse. En 2023, la banque a versé environ 1,5 milliard de francs suisses en impôts, dont une large part au canton de Zurich. Un départ entraînerait une baisse des recettes fiscales, obligeant les autorités suisses à compenser ce manque à gagner par d’autres sources de revenus.
Par ailleurs, la réputation de la place financière suisse pourrait être fortement affectée. UBS est un acteur clé de la gestion de fortune, un secteur où la Suisse domine avec plus de 2 600 milliards de francs d’actifs sous gestion. Une relocalisation du siège remettrait en question l’attractivité du pays auprès des investisseurs étrangers, au profit d’autres places financières comme Londres, New York ou Singapour.
La Suisse a toujours misé sur sa stabilité politique et réglementaire pour séduire les grandes banques internationales. Mais si les nouvelles contraintes deviennent trop pesantes, d’autres acteurs pourraient envisager un départ, mettant en péril l’avantage compétitif du pays.
À ce jour, UBS n’a pas officialisé de projet de relocalisation, mais les tensions avec les régulateurs suisses pourraient renforcer l’attrait d’un départ, une décision qui bouleverserait durablement le paysage bancaire helvétique.