Trump met la pression sur la Genève internationale avec un questionnaire controversé

Un questionnaire de l’administration Trump inquiète Genève en remettant en cause le multilatéralisme et en ciblant les financements jugés hostiles aux États-Unis.

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Genève internationale
Trump met la pression sur la Genève internationale avec un questionnaire controversé | Econostrum.info - Suisse

Un document envoyé par l’administration Trump aux organisations internationales et ONG basées à Genève suscite de vives inquiétudes. Ce questionnaire, révélé par Le Temps, interroge les institutions sur leur financement et leurs liens idéologiques, en demandant notamment si elles collaborent avec des entités liées au communisme ou à des États perçus comme hostiles aux États-Unis. Cette initiative s’inscrit dans une politique de repli nationaliste qui remet en cause le multilatéralisme genevois.

L’administration Trump a souvent affiché sa méfiance à l’égard des institutions internationales, qu’elle juge coûteuses et inefficaces. Déjà en 2020, les États-Unis s’étaient temporairement retirés de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sous la présidence de Donald Trump. Aujourd’hui, cette défiance prend une nouvelle forme avec un questionnaire envoyé par le département d’État aux ONG et organisations internationales basées à Genève, un centre névralgique du multilatéralisme.

Ce document, que Le Temps qualifie de « choquant », reflète une méconnaissance de l’écosystème genevois et de son fonctionnement. Il vise à vérifier si les financements américains servent des projets alignés sur la doctrine « America First », sans interférence de pays considérés comme adversaires de Washington. Cette approche soulève des interrogations sur la liberté d’action et l’indépendance des institutions concernées.

Un questionnaire aux questions idéologiques marquées

Le document transmis aux organisations internationales pose des questions précises sur leur indépendance financière et idéologique. Selon le média helvétique, il est demandé aux institutions de confirmer qu’elles ne collaborent pas avec des entités liées au communisme, au socialisme, au totalitarisme ou à toute autre idéologie perçue comme antiaméricaine. Cette orientation idéologique fait écho aux positions adoptées par Donald Trump lors de son mandat, où il avait régulièrement dénoncé des organisations internationales qu’il considérait comme biaisées contre les États-Unis.

En outre, le questionnaire interroge les ONG et organisations multilatérales sur l’origine de leurs financements. Elles doivent indiquer si elles ont reçu des fonds de la Chine, de la Russie, de Cuba ou de l’Iran, des pays que l’administration Trump classe parmi ses principaux adversaires géopolitiques. Cette démarche laisse planer une incertitude sur le sort réservé aux institutions qui ne répondraient pas aux exigences américaines en matière d’alignement politique.

Des thématiques sensibles ciblées

Au-delà des financements et des alliances idéologiques, certaines thématiques abordées dans le questionnaire attirent particulièrement l’attention. Le Temps rapporte que les organisations doivent préciser si elles mènent des projets liés à la lutte contre le changement climatique ou à la promotion de l’égalité des genres. Ces sujets avaient déjà été visés par l’administration Trump, qui avait réduit les financements à des programmes climatiques et adopté une ligne conservatrice en matière de droits sociaux.

Le document demande également aux institutions concernées si elles ont pris des mesures pour « se défendre contre l’idéologie du genre », une expression qui fait référence à des théories conspirationnistes courantes dans les milieux conservateurs américains. Cette formulation questionne l’objectivité des critères d’évaluation employés et suscite des craintes quant à une volonté de conditionner les financements à des positions idéologiques précises.

Une Genève internationale sous tension

Cette initiative s’inscrit dans un contexte de coupes budgétaires drastiques de la part de Washington. Selon Blick, le département d’État dirigé par Marco Rubio a récemment annoncé la suppression de 83 % des programmes de l’agence USAID, une décision qui menace directement de nombreux projets humanitaires et diplomatiques. À Genève, cette réduction des financements américains a déjà entraîné des licenciements, illustrant l’impact concret de la politique de repli de l’administration Trump.

Les organisations concernées ont jusqu’au 31 août pour répondre à ce questionnaire. Toutefois, aucune indication claire n’a été donnée sur les conséquences d’une réponse jugée insatisfaisante par Washington. Cette incertitude alimente les inquiétudes quant à une possible réduction ou suppression de financements pour certaines institutions genevoises.

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